« Les crises arrivent quand le monde a déjà changé »

Ariane Obolensky, vous êtes directrice générale de la Fédération bancaire française. Le monde ne sera jamais plus comme avant. Partagez-vous ce diagnostic ?Quiconque a vécu cette crise, de manière personnelle ou professionnelle, sait que le monde d'après ne sera plus comme avant. La secousse a été d'une violence rare qui a créé des phénomènes de forte anxiété au moment de la crise monétaire. Néanmoins, je serais plus nuancée sur le caractère irrémédiable de ce qui s'est passé. Car les crises arrivent en général quand le monde a déjà changé et que l'on ne s'en est pas rendu compte. La crise est le symptôme de la prise de conscience. Néanmoins, si l'on veut que le monde de demain ne soit plus comme avant, il faut travailler collectivement à une refondation pour un système plus adapté. Je ne crois pas à un big-bang brutal.Quels seront les moteurs de la société ?Les fondements de notre société reposent sur l'économie de marché, l'éthique personnelle et les valeurs citoyennes. Sur le premier point, il faut accepter que son cadre soit régulé, adapté. En second lieu, les valeurs personnelles sont indispensables et aucune régulation ne fonctionne si elle ne repose pas sur des valeurs consensuelles. Cela est également valable pour les valeurs républicaines. En transposant cela au système financier, on est amené à évaluer ce qui, dans l'économie de marché, n'a pas bien fonctionné, à examiner les valeurs personnelles qui n'ont pas été suffisamment prises en compte, et le pacte citoyen en s'interrogeant sur la responsabilité des entreprises vis-à-vis de la société. Il faut redonner à chacun de ces moteurs sa juste place.L'hypothèse d'une nouvelle gouvernance des entreprises et des économies vous paraît-elle crédible ?Une bonne régulation est celle qui permet au marché de fonctionner convenablement. Ensuite, il faut pouvoir traduire dans sa vie professionnelle les valeurs personnelles et collectives. Dans un univers qui va vite et où les cultures s'entrechoquent, il faut se poser la question de l'adaptation des comportements. Cela suppose des réflexions collectives et des adhésions individuelles, là aussi du travail?Quelle est votre première leçon de la crise ?Je savais, mais je n'avais pas réellement intégré à quel point le monde était devenu interdépendant, rapide dans la diffusion de l'information, et complexe. La forme de la crise est le résultat de tout cela. Autre aspect majeur, cette crise a été gérée au niveau mondial, national avec l'ensemble des acteurs. Il y a eu un effort collectif inédit.Propos recueillis par guÉnaËlle le solleu Ariane Obolensky
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