Le jour où Lehman Brothers tombait en septembre 2008, Damien...

Le c?ur bien accroch髠Jamais une crise n'a été aussi bienvenue. » Tel est le cri du c?ur de l'artiste Maurizio Cattelan, lancé dans le quotidien « Libération ». Et de rajouter?: « Il est probable que cette crise élimine une certaine pollution qui bloquait notre système respiratoire. » Un an après la chute de Lehman Brothers, les excès sont-ils vraiment révolus?? La cupidité et le cynisme sont-ils au rebut?? Pas sûr. Au cours des six premiers mois de l'année, la frilosité était certes de mise. Les galeries, elles, faisaient le dos rond, licenciaient, mettaient un frein à la production ou annulaient leurs participations aux foires. « Pas d'attentes » était devenu le leitmotiv officiel. Les collectionneurs annulaient des achats, hésitaient ou étiraient les délais de paiement. Les amateurs qui n'ont pas quitté le manège se rabattent sur du sérieux et du solide, des ?uvres éprouvées par l'histoire, dont le risque de dévaluation est minime. L'heure du revivalÀ la Foire de Bâle, en juin dernier, on ne jurait que par Peter Saul, père spirituel de la figuration libre, General Idea, collectif canadien qui travailla sur l'idée de réseaux et de contamination, ou encore Gino de Dominicis, « artiste d'artiste » des plus énigmatiques. Dans le duel entre la foire londonienne Frieze, pétrie de hype et de jeunisme, et la Foire internationale d'art contemporain (Fiac), on donne la seconde gagnante. Plus marquée par l'art moderne, moins oublieuse des bases historiques, elle serait plus dans l'air du temps. De même, le salon Artissima à Turin, arqué sur un art plus pointu que mode, attire des galeries déçues par Frieze. La « Power List » de la revue britannique « ArtReview », qui classe les personnalités les plus influentes du monde de l'art, est enfin symptomatique de l'évolution des mentalités. Alors que l'artiste anglais Damien Hirst occupait la première place en 2008 en raison de sa vente spectaculaire chez Sotheby's, c'est un curateur, Hans Ulrich Obrist, qui a désormais droit à la médaille d'or.Néanmoins, chassez le naturel, il revient au galop. Lors de l'inauguration de la Biennale de Venise, en juin, le nombre de yachts amarrés dans la lagune semblait supérieur à la précédente édition. Les soirées rivalisaient de faste et le champagne coulait à flots. Même si le monde du luxe vit à l'heure du « no logo », les labels de l'art contemporain n'ont pas fini de faire parler d'eux. La troïka Damien Hirst-Koons-Murakami, que l'on croyait vouée aux gémonies, continue à faire parler d'elle. Le galeriste Emmanuel Perrotin a cédé 80 % des ?uvres de Murakami qu'il exposait en septembre. Symbole du kitsch, Jeff Koons tire encore son épingle du jeu. Sa faible production de pièces joue en sa faveur. Le hedge-funder Steve Cohen aurait ainsi acheté un de ses « Hanging Heart » pour 11 millions de dollars. Le prix est corsé, mais bien éloigné des 23,5 millions de dollars déboursés en 2007 par l'oligarque ukrainien Victor Pinchuk.Dynamisme créatifSi la crise de confiance n'a que peu altéré le fond des choses, elle a en revanche entraîné un sursaut de créativité et de dynamisme. Le malheur des uns fait le bonheur des plus dégourdis. La chute de l'immobilier à Londres ou à New York a ainsi permis à de nouvelles structures associatives d'éclore. Certaines galeries du East End londonien ont pu rejoindre le quartier chic de Mayfair grâce à la chute des loyers. Par ailleurs, la désertion des galeries américaines des foires les plus « tendance » fait le lit de jeunes enseignes européennes qui font leur baptême à Frieze ou à Art Basel Miami Beach. La récession a enfin pour effet de revaloriser le métier des marchands. Ces derniers récoltent de plus en plus d'?uvres qui, voilà un an, auraient atterri en ventes publiques. Il faut dire que la confidentialité des transactions de gré à gré est un atout de taille dans un marché instable. Aussi, les ventes d'art moderne et contemporain de novembre à New York, baromètres traditionnels du marché, ne seront probablement pas aussi costaudes qu'elles le furent voilà deux ans.
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