« Un pas important ». L'?envoyé spécial des Etats-Unis en Afghanistan et au Pakistan, Richard Holbrooke, n'a pas boudé son plaisir mercredi à Kaboul en confirmant l'arrestation du chef militaire des talibans afghans, mollah Baradar. Au cinquième jour de la vaste offensive lancée par les forces internationales et afghanes, l'envoyé spécial ne peut que se sentir soulagé après la dangereuse montée en puissance des insurgés ces dernières années. D'autant que, mercredi, le gouverneur de la province du Helmand, un bastion taliban au sud du pays, a hissé un drapeau afghan dans un marché de Marjah, marquant ainsi le retour de ce territoire aux mains du pouvoir régulier. Pour Jean-Luc Racine, directeur de recherche au Cnrs, « l'offensive militaire doit permettre aux forces internationales de préparer la future phase de discussions avec les talibans dans la position la moins faible?pos- sible ». Cette approche, dictée par la volonté occidentale de sortir rapidement du bourbier afghan, est la suite logique de la volonté de « réconciliation » nationale prônée par le président, Hamid Karzai, et validée par les Occientaux lors de la conférence de Londres le 28 janvier. Mais le dossier afghan sera t-il réglé pour autant ? « En engageant la discussion avec les talibans, Kaboul et les occidentaux espèrent d'abord et avant tout les diviser », explique Jean-Luc Racine. Quelques subsides ont même été mis de côté afin de mieux convaincre les chefs locaux. « Mais combien de temps peut durer une paix achetée de cette façon », s'interroge cet expert. Pour éric Cheysson, directeur de l'hôpital français à Kaboul, « les talibans prospèrent sur le chaos, l'injustice, le désert sanitaire et le manque d'écoles, et seuls le retour de l'équité et d'une meilleure organisation de la vie quotidienne des populations permettront de contrer en profondeur les talibans ». Laurent Chemineau

latribune.fr

17 Févr 2010, 23:46

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