À Venise, Vuitton reconnaissant

Venise, 2009. Yves Carcelle, président de Louis Vuitton, est de passage dans la cité des Doges. Toto Bergamo Rossi, l'un des membres de la Venetian Heritage Foundation, l'entraîne du côté de l'église de San Salvador. Et dévoile, caché derrière un tableau de Titien, un extraordinaire retable en vermeil du XIVe siècle figurant la transfiguration du Christ, dont la beauté est alors masquée par les marques du temps. Coup de foudre immédiat. Ce qui pousse Yves Carcelle à apporter le soutien de sa Maison pour la restauration de ce chef-d'oeuvre de l'orfèvrerie médiévale vénitienne.« Nous sommes présents dans 69 pays, confie Pietro Beccari, le vice-président de Vuitton. Et nous essayons toujours d'être proches des communautés locales en soutenant leur patrimoine artistique et historique. La Vénétie est très chère à nos yeux car nous l'avons choisie comme la patrie de notre démarche soulier. Il y a dans la région un savoir-faire ancestral qui a permis à Vuitton de prospérer. Ce mécénat est pour nous une façon de remercier les artisans locaux de tout ce qu'ils nous ont donné. » Pour la Venitian Heritage Foundation, cette restauration doublée de la publication d'un livre (l'ensemble a coûté quelques centaines de milliers d'euros entièrement pris en charge par Vuitton), est un événement. Rares sont, en effet, les Vénitiens qui ont entendu parler de ce retable uniquement dévoilé les jours de Noël, Pâques, et de la Transfiguration. « En 30 ans de métier, c'est incontestablement l'une des plus belles choses que j'ai vue », reconnaît Cristina Passeri, restauratrice free-lance qui a travaillé quatre mois durant sur l'objet. Elle et ses collègues ont d'abord démantelé chacune des pièces du retable pour les nettoyer. Les visages, mains, et détails des saints aux côtés de Jésus se sont révélés être d'argent. La restauration a également permis de mettre à jour la couleur originale d'une multitude de petites fleurs en émail, jadis d'un bleu profond.Le retable va désormais être présenté plus longuement aux Vénitiens. Toto Bergamo Rossi est pour sa part reparti sur un autre projet. « Avant, nous pouvions compter sur des donateurs anonymes, Américains pour la plupart, confie-t-il. Mais depuis le 11 septembre, puis la crise, ils sont moins nombreux. Heureusement, les grandes maisons ont pris le relais. Le soutien de Vuitton permet d'attirer d'autres grands noms. » Il espère ainsi pouvoir bientôt présenter au public quelque 90 reliquaires du XIe au XVIIIe siècle, découverts dans l'église. Un lieu magique, plein de trésors, comme cette sacristie dont les fresques figurant des oiseaux exotiques ont été réalisées par le frère de Titien. Le retable sera exposé du 24 avril au 1er mai, du 6 au 13 août, et du 25 décembre au 1er janvier, à l'église San Salvador.À lire : « San Salvador. The Gilded Silver Alterpiece restored by Venitian Heritage », aux éditions Marcianum Press.
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