En Finlande, l'aide aux pays dépensiers de la zone euro nourrit le populisme

Un débat houleux anime les 5,4 millions de Finnois depuis plusieurs mois. Timo Soini, charismatique leader du Parti populiste des « Vrais finlandais », rend l'Union européenne (UE) responsable de l'immigration et martèle surtout la nécessité de sortir de la zone euro, notamment pour éviter de contribuer aux plans de sauvetage des pays touchés par la crise de la dette souveraine, jusqu'à souhaiter l'exclusion du Portugal et de la Grèce de la zone euro. Et cela marche. Crédités dans les sondages de 15,4 % à 18,4 % des suffrages aux élections législatives de dimanche, les « Vrais finlandais » devraient faire jeu égal avec le parti du Centre de l'actuel Premier ministre, Mari Kiviniemi, et n'être qu'à quelques points du Parti national de coalition, premier parti avec 20,2 %. Alors qu'ils ne détenaient que 6 sièges sur 200 à l'Eduskuntas sortant, leur parlement, les « Vrais Finlandais » peuvent espérer 37 députés. « Soini surfe sur l'incompréhension d'une partie de la population qui ne voit pas pourquoi la Finlande devrait payer pour aider un pays avec lequel elle n'a pas grand-chose en commun », explique François Cabau, économiste chez Barclays Capital. Le pays est en effet un des rares bons élèves du Pacte de stabilité européen : après des années d'excédents budgétaires, la Finlande a enregistré seulement à partir de 2009 un déficit public (avec une dette de seulement 43,8 % du PIB), celui de 2010 était d'à peine 3,1 % du PIB. Équilibres politiques fragilisésCette poussée du populisme en Finlande risque de paralyser les mécanismes d'aide de l'UE pendant plusieurs semaine encore. Fin mars, le Premier ministre a préféré repousser à après les élections le vote au parlement pour accroître sa participation au Fonds européen de stabilité financière (FESF), le dispositif de l'UE pour accorder des prêts aux États menacés de faillite. Mais la fragilité des équilibres politiques du pays et la négociation d'un gouvernement de coalition vont retarder la décision. Au Nord de l'Europe, cet eurosceptisme ne touche pas seulement la Finlande, membre de l'UE depuis 1995. En Norvège (non-membre de l'UE), en Suède ou au Danemark, les partis populistes sont partout en plein essor. Leur défiance de l'euro et de l'Europe ne s'explique pas par la crise économique: en Finlande ou en Suède la croissance dépasse allègrement les 3 %... Sylvain Rolland
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