Trouver des recettes, l'obsession du gouvernement

Si une loi réformant la fiscalité a été adoptée l'an dernier, les Grecs n'ont pas vu pour autant les plus fortunés d'entre eux payer à hauteur de ce qu'ils auraient dû. « Comment voulez-vous que je croie le gouvernement, éclate Pandelis Christoforou, un cameraman, c'est la deuxième année qu'ils m'imposent leur amnistie fiscale en échange d'une cote mal taillée qui se résume à payer 5.000 euros. L'an dernier, j'ai dis oui, cette année je dis non ! Ils n'ont qu'à faire leur travail. » En effet, malgré les déclarations officielles, la machine du fisc ne suit pas. Il avait été exigé des Grecs qu'ils gardent un an durant tous leurs reçus de paiements pour bénéficier d'une réduction d'impôts. Le but : combattre l'économie souterraine et lever plus de taxes. Aujourd'hui, personne ne sait que faire des reçus et la TVA n'est pas au rendez vous. On est même revenu au système de la « peraiossi », sorte d'amnistie fiscale résultant d'un marchandage entre l'estimation d'une supposée erreur du contribuable et l'amende maximale en cas de fraude réelle. Et ce sont toujours les mêmes qui paient : les salariés et les petits poissons des professions libérales comme Pandelis. « Quoi que je fasse, les services fiscaux me considèrent a priori comme un voleur, je ne vais donc pas leur faciliter la tache », explique ce dernier. L'église désormais imposéeAutre mesure très contestée, l'estimation approximative de l'imposition sur « les critères objectifs de richesse » : bateaux, maisons de campagne, piscines, voitures de luxe... « C'est un pis-aller, admet Dimitris Georgakopoulos, secrétaire général des Affaires fiscales auprès du ministre des Finances, mais le contribuable peut contester la décision devant les tribunaux. » En fait, « c'est le seul moyen de régler les quelque 2 millions et demi de dossiers en souffrance et remplir les caisses de l'État », explique Savas Robolis de l'institut du Monde du Travail. La réforme fiscale, qui devait établir de nouveaux liens entre administrés et État, vise d'abord à remplir les caisses. « On ne lâchera pas les fraudeurs », assure Dimitris Georgakoupoulos. Il y a du travail. L'évasion fiscale représente plus de 30 % du PIB et les arriérés d'impôts des dix dernières années s'élèvent à 35 milliards d'euros. Sur 11 millions de Grecs, moins de 5.000 déclaraient plus de 100.000 euros de revenus par an. Les armateurs et l'église en étaient dispensés. Cette dernière, premier propriétaire foncier, est désormais imposée. Quant aux armateurs (17 % du PIB du pays), de par la constitution, ils en sont quasiment exonérés.Angélique Kourounis, à Athène
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