Adam Haslett, « Avec la crise, je retrouvais des scènes de mon livre »

Rendez-vous est pris dans un café de Brooklyn, à quelques pas du centre d'art « Invisible Dog » (voir ci-contre). C'est ici qu'Adam Haslett a bouclé son premier roman, « l'Intrusion ». Une formidable fresque de l'Amérique à la veille de la crise financière de 2008, racontée à travers le personnage de Doug, trader aux dents longues de 37 ans, prêt à toutes les fraudes boursières pour continuer à grimper dans l'échelle sociale. Haslett signe ici un roman captivant, porté par une écriture puissante de simplicité, où il passe avec la grâce d'un voltigeur du passé au présent, d'une génération à l'autre, tissant des liens inattendus entre ses personnages. Mais on est surtout bluffé par la justesse de sa perception de l'histoire, de l'économie ou de la psychologie de la nature humaine. Pourquoi avoir voulu écrire sur le monde de la finance??Au cours des vingt-trente dernières années, la logique du business l'a emporté sur le marché. J'ai d'abord commencé par brosser le portrait d'un personnage dirigeant la Fed à New York. Je pensais qu'il me donnerait une vision d'ensemble du monde économique actuel. Cela m'intéressait bien plus que de me lancer dans un thriller au coeur de la finance. Quand avez-vous commencé à écrire??En 1998, par petites touches, à travers des portraits de personnages. Entre 2002 et 2008, je me suis totalement consacré au roman pour le terminer le jour où Lehman Brothers a fait faillite. Au point d'avoir eu l'impression de lire ensuite des scènes de mon livre dans les journaux. Mon roman parle d'une crise évitée. Elle a fini par me rattraper. Au final, votre livre remet en question le système bancaire américain...Ce n'était pas du tout mon idée première. Seule la prose m'intéresse. Pour moi, l'intrigue est une toile de fond, même si c'est ce qu'on retient en premier aujourd'hui du fait de la crise. C'est un sujet que vous maîtrisez à la perfection...Pourtant, à l'université j'ai étudié le droit et non l'économie. Alors, j'ai lu beaucoup d'essais, d'articles jusqu'à maîtriser la langue du monde de la finance mais aussi la manière dont les gens pensent. J'ai aussi pu visiter la Fed, ce qui m'a surtout permis de vérifier que mes informations sur les lieux étaient bonnes. Dans les années 1980, les golden boys ont inspiré une nouvelle génération d'écrivains emmené par Bret Easton Ellis ou Jay McInerney...Je ne me sens pourtant pas proche d'eux. Virginia Woolf et William Faulkner m'inspirent bien plus dans leur manière d'appréhender le monde.Propos recueillis par Yasmine Youssi, à New York
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