Faire payer le vice par la vertu : la drôle d'idée de DSK pour sauver l'euro

DSK a-t-il fumé la moquette ? C\'est la première réflexion que l\'on se fait en apprenant la dernière idée développée par Dominique Strauss-Kahn pour sauver la zone euro. Testée ce week lors de la réunion du Forum YES à Yalta, sur les rives de la mer Noire, elle consisterait à compenser au profit des pays les plus fragiles, une partie de l\'écart de taux d\'intérêt dont bénéficient les pays les mieux considérés sur les marchés. Comme l\'Allemagne s\'oppose à toute émission de dette mutualisée, type eurobills ou eurobonds, en tout cas tant que la discipline budgétaire n\'est pas assurée et garantie par un super-Etat fédéral, DSK suggère de contourner l\'obstacle. Son raisonnement a du sens : l\'Allemagne et les pays du Neuro (Nord de l\'euro...), comme d\'ailleurs la France, payent actuellement des taux d\'intérêt exceptionnellement bas pour leur emprunts sur les marchés (1,7% à dix ans pour les Bunds). De leur côté, la Grèce, l\'Espagne, l\'Italie ou le Portugal continuent de servir des taux meurtriers, ce qui entretient le doute des investisseurs sur leur solvabilité. Dominique Strauss-Kahn pointe le fait que la crise de la zone euro a profité aux pays les plus crédibles, ceux dont la signature est recherchée par les marchés. L\'Allemagne a récemment reconnu d\'ailleurs tirer un avantage de cette situation : \"Sur les 30 derniers mois, l\'Allemagne a économisé plus de 60 milliards d\'euros dans le refinancement de sa dette\", a reconnu le ministre des Finances, Wolfgang Schaüble.« Si on continue comme cela, le système va exploser », a estimé DSK, qui suggère une sorte de nouveau « partage de Yalta » sur les dettes souveraines. Il s\'agirait que les pays les mieux notés comme l\'Allemagne « remettent au pot une partie de l\'écart de taux d\'intérêt » au profit de pays comme l\'Espagne ou l\'Italie. Plutôt que d\'agir sur le stock de dette, via des euro-obligations, que Berlin refuse, l\'ancien patron du FMI propose donc de jouer sur les flux d\'intérêt payés. Comment ? Là, c\'est plus nébuleux. L\'ancien patron du FMI a proposé que tous les quinze jours, une réunion de l\'Eurogroupe décide de rétrocéder une partie de l\'écart de taux d\'intérêt au profit des plus faibles. « Ces pays ont intérêt à accepter un surcoût pour éviter l\'explosion de la zone euro. Il s\'agirait de toute façon d\'un dispositif temporaire qui permettrait de ramener les taux à des niveaux raisonnables et de retrouver le calme sur le marché de la dette », a conclut DSK. Ce projet a évidemment peu de chances de voir le jour. D\'abord, parce qu\'il est exactement contraire à la stratégie voulue par l\'Allemagne et les autres pays créanciers de la zone euro qui veulent que les pays en crise restaurent seuls leur crédibilité budgétaire. La « leçon » des erreurs de gestion passée doit être bien apprise, martèle régulièrement la chancelière Angela Merkel. En clair, pas question de financer le vice par la vertu, n\'en déplaise à Dominique Strauss-Kahn... Ensuite, d\'une certaine manière, l\'action menée par la BCE avec Mario Draghi revient un peu au même, pour un coût bien moindre. En annonçant sa capacité d\'acheter, de façon illimitée, des emprunts d\'Etat des pays en crise dés lors que les taux d\'intérêt subiraient une prime de risque que la banque centrale considérerait comme « spéculative » et excessive, le président de la BCE a d\'ores et déjà provoqué un rapide reflux des taux d\'intérêt sur la dette espagnole, italienne ou grecque... et ce sans rien avoir eu à dépenser. Cette magie de la parole du banquier central ne durera peut-être pas éternellement, mais l\'effet psychologique de dissuasion a été efficace. Sans doute plus qu\'une discussion de marchand de tapis pour décider de combien de point de base de taux d\'intérêt devraient renoncer les Allemands, les Autrichiens, les Finlandais ou les Français pour financer la dette des Grecs, des Portugais, des Espagnols ou des Italiens... 
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