Pour les ministères français, un vert, c'est déjà trop

La loi Grenelle 1 fait obligation aux pouvoirs publics de rénover son parc immobilier thermiquement afin d'aboutir à de conséquentes économies d'énergie. Politiquement il s'agit de faire en sorte que l'Etat soit exemplaire. Le chantier est gigantesque: 50 millions de m2 de bâtiments de l'Etat et 70 millions de m2 dévolus aux établissements publics doivent être rénovés d'ici 2018. L'achèvement de ces travaux doit se traduire par une réduction de 40 % de la consommation d'énergie affichée par ces bâtiments et d'au moins 50% de leurs émissions de gaz à effet de serre. Les universités et les grandes écoles qui entrent dans le champ des obligations dictées par la loi Grenelle 1, ont rendu public le 17 juin, le plan vert des établissements d'enseignements supérieurs. Piloté par la conférence des présidents d'université (CPU) et la conférence des grandes écoles (CGE), ce plan "est l'application pratique de l'article 55 de la loi Grenelle 1", commente Lionel Collet, président de la CPU et par ailleurs président de l'université Lyon 1.Une facture très lourdeSensibilisé avant les autres à la problématique du réchauffement climatique notamment par le biais de ses propres scientifiques, le monde universitaire n'éprouve, intellectuellement, aucune difficulté à intégrer le développement durable dans ses activités. Universités comme grandes écoles ont engagé, avant que la loi ne les y oblige, des réflexions sur le développement durable, souligne Pierre Tapie, président de la CGE. Sauf qu'entre vouloir et pouvoir se pose le problèmes des moyens. "La facture est lourde" concède Sylvie Faucheux, présidente du comité développement durable de la CPU. Du coup, les universités ont certes engagé des actions afin de réduire leur consommation d'énergie et alléger leur bilan carbone mais ces initiatives semblent bien frileuses au regard des objectifs fixés. L'université d'Angers a, par exemple, lancé un programme permettant que 69% de ses déchets soient « traités de manière optimale ». Et ses responsables n'excluent pas d'arriver bientôt à 100%. L'université Joseph Fourier de Grenoble a réalisé un bilan carbone des 77 véhicules de son parc automobile et forte de cet audit espère aboutir à une réduction de sa consommation de carburant, donc de ses émissions polluantes et en bout de course de sa facture automobile. L'université de Lille 2 a fait installer sur ses toits 590 m2 de panneaux photovoltaïques. L'école des mines de Nantes a engagé un plan de 20% de sa consommation énergétique et selon Pierre Tapie, la moitié des quelque 200 grandes écoles de France ont lancé un audit énergétique.24 milliards d'ici à 2018Toutes ces initiatives vont sans doute dans le bon sens mais ne sont pas à la hauteur des enjeux. Selon la loi, d'ici à fin 2012, c'est à dire dans les deux ans et demi qui viennent, les établissements d'enseignement supérieur comme tous les bâtiments publics devraient avoir engagé des travaux sur au moins un tiers de leur surface. Interrogés sur l'avancée concrète des travaux dans les universités et grande écoles les responsables de la CPU et de la CGE n'ont pu donner que des réponses évasives. Même flou au ministère de l'enseignement supérieur. Bref, le chantier est inscrit sur le papier mais on est loin de voir toutes les facs de France et de Navarre équipées de double vitrage et chauffées par des pompes à chaleur. Plus largement c'est l'ensemble du chantier de la rénovation énergétique des bâtiment publics qui prend du retard. Et pour cause. Il suffit d'en exposer les chiffres pour s'en convaincre. Estimé à 24 milliards d'euros d'ici à 2018, soit une moyenne de 3 milliards d'euros par an, le seul chantier de la rénovation thermique des bâtiments de l'État a été doté en 2009 de... 150 millions d'euros par le plan de relance, auxquels s'ajoutent les crédits budgétaires des ministères concernés dont l'enveloppe totale est de moins de 300 millions par an.
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