La monnaie européenne chausse « des bottes de sept lieues »

Une hausse de 5 % : c'est la reprise spectaculaire de l'euro face au dollar depuis le point bas de ce début d'année atteint le 7 janvier. Mercredi, la monnaie unique a fait une incursion au-dessus de 1,35 dollar, pour la première fois depuis près de deux mois, effaçant les lourdes pertes qu'avaient provoquées le rebondissement de la crise de la dette souveraine de la zone euro, par Irlande interposée. Les craintes de contagion au Portugal et surtout à l'Espagne se sont depuis lors momentanément calmées, même si les Dix sept ne parviennent pas à se mettre d'accord sur une « amélioration quantitative et qualitative », pour reprendre les termes utilisés la semaine dernière par Jean-Claude Trichet, du FESF, le Fonds européen de stabilité financière.Les menaces sur la croissance que laisse redouter la mise en place un peu partout dans la zone euro de plans d'austérité drastiques sont, au moins partiellement, compensée par les espoirs suscités par la dynamique de l'Allemagne, le poids lourd et la locomotive de la zone. Le gouvernement de Berlin a révisé mercredi sa prévision de croissance pour 2011 à 2,3 %, contre 1,8 % attendu auparavant, et prévoit que le déficit public sera ramené à 2,5 %, contre 3,5 % l'an dernier, seule année où la République fédérale soit sortie des clous de Maastricht. Immobilier américain« L'économie allemande s'est catapultée hors du fossé de la crise ; elle avance avec des bottes de sept lieues alors que d'autres suivent en marchant en canard », a triomphalement déclaré le ministre de l'Économie d'outre-Rhin, Rainer Brüderle.Si l'euro a trouvé des raisons de redresser la tête, le dollar a eu son lot de raisons intrinsèques pour amplifier son repli. Il y a d'abord eu l'avertissement lancé par l'agence Standard and Poor's qui a estimé que la prestigieuse note AAA des États-Unis serait « mise sous pression » sans plan crédible de réduction du déficit budgétaire (lire ci-contre). Le billet vert a également pâti du nouveau revers du marché immobilier américain : la baisse de 4,3 % des mises en chantier de décembre a surpris par son ampleur, même si elle s'est accompagnée d'un bond de 16,7 % des permis de construire, qui sont les logements de demain. Enfin, le billet vert a été affecté par les déclarations de plusieurs membres du conseil de la Fed, estimant que l'accélération de la croissance ne permettait encore qu'une amélioration trop lente du marché de l'emploi pour que soit remis en cause le programme d'achats de titres de la dette publique. La planche à billets va donc continuer à tourner.
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