La fonction informatique est négligée à la tête des grands groupes français

Les dirigeants d'entreprise, quel que soit le secteur d'activité, placent souvent l'innovation technologique au rang de priorité. Mais l'organisation ne suit pas forcément les discours. De fait, les directeurs des systèmes d'information (DSI) restent la plupart du temps à l'écart des plus hautes instances de décision et de pilotage des grands groupes français.« La Tribune » a étudié leur représentation au sein des comités exécutifs (« comex ») ou des directions des entreprises du SBF 120. Résultat : moins de dix entreprises sur cent vingt ont intégré leur DSI au comex, qui compte la plupart du temps les responsables des divisions, des grandes régions, et, pour les fonctions transverses, les finances, les ressources humaines ou la communication.Les entreprises en pointeAu sein du CAC 40, c'est le cas d'Axa, de Bouygues, d'Essilor et de Schneider Electric. C'est tout. Ensuite, on trouve Air-France KLM, Biomérieux, Iliad et Rhodia. Mais les systèmes d'information sont parfois représentés dans les comex par des dirigeants comptant d'autres attributions, comme les achats, la R&D ou les ressource humaines. C'est le cas chez Accor, BNP Paribas, Crédit Agricolegricole, France Télécome;lécom, Michelin, STMicro, Dassault Systèmesave;mes, M6, Natixis, Pagesjaunes et TF1. Au global, ce sont donc dix-neuf entreprises sur cent vingt dans lesquelles les systèmes d'information ont un émissaire au comex. « Cette faible représentation reflète une différence importante par rapport au monde anglo-saxon, ou les DSI ont une réelle présence dans les comex, car les systèmes d'information y sont perçus comme un élément essentiel de l'efficacité opérationnelle », estime Philippe Trouchaud, associé de PricewaterhouseCoopers en charge des technologies de l'information. « Elle pose par ailleurs la question de l'éducation des dirigeants sur l'apport des technologies, et de l'exploitation des informations disponibles dans l'entreprise », poursuit-il.La position des DSI parmi les plus hauts dirigeants de groupes a connu trois époques, selon Michel Jaubert, directeur du métier systèmes d'information chez AT Kearney. Dans les années 1990, il était vu comme celui qui faisait fonctionner l'infrastructure et menait les projets. À la fin des années 1990, avec le boom de l'Internet, les technologies de l'information devenaient cruciales, entraînant une revalorisation du rôle de DSI. La situation a ensuite changé avec l'explosion de la bulle, tandis que le développement de la sous-traitance informatique a ôté de la substance au rôle du DSI, parfois ramené à un acheteur de prestations extérieures.Les SSII à la traîneD'après notre recherche, deux secteurs soignent aujourd'hui plus particulièrement leurs DSI : la banque-assurance (Axa, Crédit Agricolegricole, BNP Paribas, Natixis), et les télécoms (France Télécome;lécom, Bouygues, Iliad), dont les systèmes d'information sont des outils industriels absolument cruciaux et stratégiques. « Je pense que nous faisons partie des fonctions qui ont une vision panoramique des processus et pouvons donc être une force de proposition », observe ainsi Xavier Rambaud, DSI du groupe chimique Rhodia, présent au comex. « Nous voyons le corporate, avec la partie consolidation financière, mais aussi l'informatique industrielle, scientifique, d'ingénierie. » En revanche, un secteur donne paradoxalement peu de place à ses DSI : les sociétés de services informatiques. Aucun DSI à signaler, en effet, dans les comex de Capgemini, Atos Origin, Steria ou Sopra.
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