Faute d'avions, les risques de pénurie pointent dans certains secteurs

Une paralysie prolongée du trafic dans l'espace aérien européen pourrait avoir des conséquences sur certains pans de l'économie. Chez le constructeur automobile PSA, un arrêt des usines d'assemblages, à cause de ruptures d'approvisionnement, n'est pas exclu en milieu de semaine. En cause, les fournisseurs indirects de rang 2 ou 3, qui livrent par avion des composants électroniques de Chine ou des éléments de câblage du Maghreb. Selon l'AEA (Association of European Airlines), les compagnies réalisent 17 % de leurs chiffres d'affaires dans le transport de marchandises. Parmi les objets principaux qui voyagent par avion figurent les pièces de haute technologie, les composants électroniques, les échantillons pharmaceutiques, les documents à l'attention des banques, voire les animaux vivants, comme les chevaux. Le fret aérien concerne surtout les « marchandises de valeur et les objets sensibles au temps », explique-t-on à l'AEA. Selon l'association internationale du transport aérien (IATA), 35 % des marchandises échangées dans le monde, en valeur, emprunteraient l'avion pour arriver à bon port. Pour les téléviseurs, ordinateurs de bureau et autres produits encombrants, pas de ruptures de stock à craindre, car ces biens sont transportés par voie maritime. Mais, selon Marc Touati, directeur général de la société de gestion Global Equities, il en va tout autrement pour les consommables informatiques, qu'il faut renouveler très régulièrement et qui, grâce à leur légèreté, sont acheminés par avion. C'est le cas du papier, des cartouches d'encre, des CD et DVD vierges, des chargeurs et des produits d'entretien informatique. Idem pour les pièces détachées comme les puces à insérer dans les ordinateurs et les téléphones mobiles. Autant de reports de livraisons qui peuvent faire craindre une pénurie de ces produits, nombre d'entreprises travaillant en flux tendus. Spécificité anglaiseDans l'alimentaire, les problèmes en revanche devraient être assez limités. « En cette saison, 10 % seulement des denrées viennent par avion », explique Philippe Stisi, porte-parole du marché de Rungis. « Nous n'avons aucun problème. Nos usines sont majoritairement situées sur les lieux de vente pour éviter les transports qui coûtent cher car nos produits sont lourds », indique pour sa part Christophe Château, porte parole de Bonduelle. La Grande-Bretagne devrait être plus touchée. « Là-bas, le frais à une date limite de consommation de 7 jours, contre 30 pour les autres pays européens. Il y a donc beaucoup plus de rotations et une plus grande dépendance à l'avion », souligne Matthieu Lambeaux, directeur général de Findus France. Ce dernier pourrait du coup augmenter la production de surgelés. « Nous risquons de voir nos ventes de surgelés augmenter si le frais se raréfie ». Si l'impact est faible dans le courrier, où seulement 3 % des envois sont effectués par avion, il est bien plus élevé pour les spécialistes des livraisons express, très dépendants du mode aérien. Mais des solutions ont pu être trouvées. « Nous n'avons pas arrêté notre activité », indique DHL, qui réalise 6.000 expéditions par jour en France et fait voler quotidiennement 500 avions dans le monde. Pour des livraisons dans un rayon de 800 kilomètres, l'engagement des 24 heures a pu être maintenu, en basculant vers le mode routier. Au niveau de l'intercontinental, « nous contournons le nuage et utilisons notre hub au pays basque espagnol ». Certaines entreprises arrivent néanmoins à profiter de cette situation exceptionnelle. Ainsi Eurotunnel, qui a multiplié par deux ses capacités de transport. Ingrid Seithumer avec le service Entreprise
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