La loi Nome ne permettra pas une concurrence « efficace » sur le marché de l'électricité

Très offensifs, voire agressifs, pendant les trente mois de négociation autour de cette loi, les principaux concurrents d'EDF, dont certains comme Poweo et Direct Energie jouent pourtant leur survie, affichaient mardi un discours officiel relativement prudent. GDF Suez, le principal challenger, qui aurait la taille et les moyens suffisants pour prendre une part significative du marché français de l'électricité, s'étrangle - discrètement - de rage (cf. ci contre). Poweo, qui conditionnait récemment le maintien de son activité à un Arenh à 38 euros (cf. « La Tribune » du 4 avril), râle. Mais la filiale de l'autrichien Verbund, qui a chuté de 4,6 % hier en Bourse, doit surtout convaincre son actionnaire principal et le marché qu'il peut survivre avec un Arenh à 42 euros. C'est également ce que s'efforce de faire valoir Direct Energie, qui s'est très étrangement rallié à 42 euros ces dernières semaines, après avoir bataillé pour 35 euros ces dix huit derniers mois. « À 42 euros, il est évident que l'espace économique nécessaire pour conquérir une clientèle de particuliers en France n'est pas acquis », déclare Loïc Capéran, DG de Poweo. « Ce n'est pas viable à court terme, sauf à ce que les tarifs réglementés augmentent », poursuit-il. Tant pis pour les consommateurs, qui se verront, encore, privés des offres « innovantes » que promettent depuis des années les nouveaux entrants. Poweo, qui a perdu plus de 150 millions d'euros sur ce marché ces dernières années, affirme cependant qu'il va se tourner vers les clients les plus rentables, ceux qui se chauffent à l'électricité et ceux veulent à la fois du gaz et de l'électricité. « Cela va être difficile mais on pourra désormais servir des clients particuliers en gagnant de l'argent », affirme de son côté Xavier Caïtucoli, PDG de Direct Energie.5 % de clients débauchésEn fait, ces deux opérateurs très fragiles, qui préparent d'ailleurs leur mariage, sont très soulagés de voir enfin la loi Nome entrer en application. « C'est mieux que rien », soupire-t-on en interne. Surtout vis à vis de leurs actionnaires. Ce qui n'empêche pas Loïc Capéran de s'insurger contre certaines modalités. « EDF nous demande une garantie de deux mois de consommation. C'est unique », s'exclame l'ancien numéro deux de l'électricien public. Cinq ans après l'ouverture officielle du marché de la fourniture d'électricité aux particuliers, à l'été 2007, les concurrents d'EDF n'ont réussi à débaucher que 5 % des clients de l'opérateur historique. Quelque 1,6 million de foyers (sur 30 millions) ont sauté le pas. Au grand dam de Bruxelles. Cela ne risque pas de changer. M.-C. L.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.