Arkema passe à l'industrialisation des nanotubes de carbone

Pour les chimistes, les travaux sur les nanomatériaux font déjà partie du quotidien. Le français Arkema, qui développe depuis 2006 des nanotubes de carbone à l'échelle expérimentale, a annoncé le mois dernier la création d'une unité industrielle pilote à Mont (Pyrénées-Atlantiques).« Ces matériaux présentent des propriétés uniques : très grande conductivité électrique et thermique, résistance mécanique cent fois supérieure à celle de l'acier », explique Patrice Gaillard, directeur du projet nanotubes de carbone chez Arkema. Si la production n'est pas prévue avant 2011, les applications semblent multiples.« Les nanotubes de carbone améliorent la résistance mécanique des pièces composites, ce qui peut amener à l'allégement de la structure des avions par exemple. Incorporés dans des peintures, ils éliminent les charges électrostatiques, et pourraient contribuer ainsi à protéger les instruments de bord », détaille Patrice Gaillard. Arkema vend en fait à ses clients des concentrés de 25 % à 45 % de nanotubes incorporés dans un polymère. Charge, ensuite, aux clients, de les introduire dans leurs produits qui ne contiendront au final que 0,5 % à 3 % de nanotubes.Prévention des risques Le chimiste coupe court aux inquiétudes récurrentes de certains scientifiques : « Aujourd'hui, aucune donnée ne justifie d'arrêter ce type de développement », affirme Patrice Gaillard. Cela n'empêche pas Arkema d'adapter son processus de production. « Nous utilisons des systèmes confinés équipés de détecteurs de nanoparticules », rassure Patrice Gaillard.Arkema, qui a investi 30 millions d'euros dans son laboratoire de recherche, prévoit de consacrer « quelques dizaines de millions d'euros » à son usine pilote. D'une capacité de 400 tonnes par an, elle sera la plus importante en Europe devant celle de l'allemand Bayer. Discret sur ses perspectives de chiffres d'affaires, Arkema rappelle tout de même que « le marché des nanotubes est estimé entre 1,5 et 2 milliards de dollars d'ici dix ans ».« Le débat public est une excellente initiative. Il faut tout faire pour éviter un OGM bis ! » clame Jean Pelin, directeur général de l'Union des industries chimiques (UIC). « Nous avons édité l'an dernier un guide des bonnes pratiques sur les nanomatériaux, afin d'aider les entreprises à améliorer la protection de leurs salariés. Le niveau de maîtrise des risques est aujourd'hui élevé, notamment en termes de confinement des substances », assure Patrick Levy, médecin-conseil à l'UIC. « La question des risques se pose surtout pour les salariés. Le consommateur, lui, ne rencontre presque jamais de substances à l'état nanoparticulaire puisqu'elles sont intégrées au matériau final », conclut-il.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.