L'achèvement du groupe BPCE va coûter cher aux Banques Pop

Lors des négociations qui ont donné naissance au groupe BPCE, au printemps 2009, le chef de file des Banques Populaires, Philippe Dupont, avait assuré à ses troupes qu'elles n'auraient pas à payer de « soulte » aux Caisses d'Epargne pour atteindre la parité. Un an plus tard, la réalité est bien différente. Les représentants des salariés ont mandaté l'expert Secafi pour analyser les conséquences de la décision, actée en février par les deux réseaux mutualistes, de faire remonter toutes leurs filiales (à l'exception de Nexity) au sein de l'organe central BPCE SA afin de parachever la construction du groupe. Les comités d'entreprise puis les instances de gouvernance des deux réseaux doivent se prononcer avant le 3 juin, date du conseil de surveillance de BPCE SA censé acter cette opération, baptisée U2, avant d'être entérinée en assemblée générale le 5 août.Le rapport de Secafi, dont « La Tribune » s'est procuré une copie, constate que le projet U2 va coûter aux Banques Populaires régionales 1,9 milliard d'euros de fonds propres. On savait, depuis février, qu'elles avaient accepté d'apporter 965 millions pour équilibrer leurs apports avec ceux de l'Ecureuil. Un chiffre qui s'explique, pour les deux tiers, par des réévaluations défavorables aux Banques Populaires. Par rapport aux valorisations retenues pour la fusion, elles subissent en effet une moins-value globale de 55 millions sur leurs apports, tandis que l'Ecureuil encaisse une plus-value de 629 millions, dont 534 sur le Crédit Foncier (voir illustration). Le rapport montre aussi que chaque réseau devra faire remonter 903,5 millions de fonds propres pour assurer la solvabilité de l'organe central, qui affichera in fine un ratio de fonds propres (Tier One) de 9,1 %, contre 9,6 % avant l'opération.L'expert parvient à un total de 2,3 milliards pour les Banques Populaires, en ajoutant 450 millions destinés à reconstituer leur fonds de garantie, mais cette somme n'est en réalité pas liée à U2, puisqu'elle servira à éponger les pertes subies l'an dernier sur leurs filiales (dépréciation de 474 millions sur Foncia). Au total, les Banques Populaires se verront ponctionner 30 % de leur excédent de fonds propres, contre 9 % côté Caisses d'Epargne, souligne Secafi, qui anticipe une réduction de 7 % du résultat net et de l'enveloppe de participation et d'intéressement.« effort énorme »« C'est un effort énorme qu'on demande aux banques régionales, et cela va encore se payer par de suppressions de postes pour dégager des économies, avec à la clé une dégradation des conditions de travail », s'alarme un responsable syndical. Mais pour BPCE, il est « économiquement plus pertinent d'utiliser ces excédents de fonds propres pour rembourser les actions de préférences souscrites par l'Etat, rémunérées à plus de 9 %, que de les laisser dans le réseau », où ils ne rapportent guère plus de 4 %. Les établissements régionaux qui conservent un excédent de fonds propres, ne seront pas bridés dans leur développement commercial. Le groupe, qui a déjà remboursé 1,25 milliard d'euros en titres de dette (sur 4 milliards), se prépare ainsi à faire un « premier remboursement significatif » cette année sur ses 3 milliards d'actions de préférence. « Ce serait bien d'atteindre au moins 1 milliard », conclut une source interne.
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