Droite et gauche jouent le prélude de la campagne de 2012

« Absolument ». Martine Aubry se fait tranchante. Dans une interview au « Parisien », dimanche, la première secrétaire du Parti socialiste (PS) affirme que la gauche rétablirait l'âge de départ légal à la retraite à 60 ans en cas de victoire à l'élection présidentielle de 2012. La retraite à 60 ans est l'un des symboles de l'alternance de 1981, lorsque François Mitterrand était devenu le premier président socialiste de la Ve République. Depuis qu'elle a présenté son contre-projet de réforme des retraites, la patronne du PS est à l'offensive. Pour ce qu'un de ses proches appelle une « Blitzkrieg », une guerre éclair. Ultraprésente médiatiquement. Mercredi, Martine Aubry recevait des journalistes rue de Solferino. Avec cette confidence : « J'aurai 60 ans cette année. À Lille, je vois des ouvrières du textile qui ont le même âge que moi et qui font dix ans de plus... » La bataille sera bel et bien idéologique. Et frontale.Éric Woerth, qui porte le futur projet de réforme du gouvernement, a d'ailleurs aussitôt accusé Martine Aubry de se « mélenchoniser », en référence au président du Parti de gauche. « Elle essaie de suivre au fond des opinions de plus en plus à gauche, et à ce moment-là, il n'y a plus de débat possible », a affirmé le ministre du Travail sur BFM TV. Un débat biaisé, selon la secrétaire nationale du Parti communiste français, Marie-George Buffet, qui a estimé sur France Info que la réforme était « déjà concoctée à l'Élysée ». « Quand j'entends le ministre du Travail dire qu'il poursuit la concertation, j'ai l'impression qu'il se moque de nous. »position de forceMise à part la prise de position de Dominique Strauss-Kahn (lire l'encadré), Martine Aubry a toutefois réussi à fédérer la quasi-totalité des courants de son parti autour de sa contre-réforme, qui privilégie une taxation des revenus du capital et des banques ainsi qu'une hausse progressive des cotisations salariales et patronales. Un allongement de la durée de cotisation ne viendrait qu'ensuite. La première secrétaire du PS se retrouve donc en position de force pour mener la fronde contre le projet du gouvernement. Et pour porter le fer contre Nicolas Sarkozy, qu'elle décrit comme « le roi des déficits ». « Depuis 1945, jamais le pays n'a été aussi endett頻, lance-t-elle, avant de souligner qu'elle n'a « pas de leçons de bonne gestion à recevoir de l'UMP quand on voit la situation dans laquelle ils ont mis la France ». Et Martine Aubry de rappeler que la Sécurité sociale était à l'équilibre quand le gouvernement socialiste, dont elle faisait partie, a laissé les clés de l'économie française à la droite, en 2002.Sur instruction directe de Nicolas Sarkozy, les ténors de l'UMP se succèdent pour contrer l'offensive du PS. Éric Woerth a ainsi jugé que Martine Aubry était « la reine des occasions perdues ». Lorsqu'elle était ministre des Affaires sociales, entre 1997 et 2000, « on a eu une augmentation de la masse salariale - qui permet de financer les régimes sociaux - de 6 %, elle n'en a rien fait, elle a encaissé les recettes, il n'y a eu aucune réforme structurelle ». La patronne du PS était « la dame des 35 heures », elle a été rebaptisée « la dame des impôts » ou « Madame Panier Perc頻.Pris de court par l'accélération du calendrier du PS, et même quelque peu dépassé par les annonces faites par les députés de la majorité et l'exécutif, le parti majoritaire met, quant à lui ce mardi, ses propositions sur la table. Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a souligné que ses troupes travailleraient sans « tabou ». H. F.
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