Relaxe générale pour la catastrophe AZF

étrochimieAu terme de six années d'instruction et de neuf mois de procès, le tribunal correctionnel de Toulouse a prononcé hier « la relaxe au bénéfice du doute » des prévenus dans le procès AZF. L'explosion, le 21 septembre 2001, de l'usine chimique appartenant à une filiale de Total (Grande Paroisse), au sud de Toulouse, avait fait 31 morts, des milliers de blessés, et des milliards d'euros de dégâts. Une des catastrophes les plus graves en France depuis la Seconde Guerre mondiale.10 jours pour faire appelLe ministère public avait requis trois ans de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende contre Serge Biechlin, l'ancien directeur de l'usine, et 225.000 euros contre la société Grande Paroisse, estimant qu'ils avaient commis des négligences à l'origine de l'explosion meurtrière. Pourquoi alors cette relaxe ? Parce qu'« il demeure une inconnue concernant le processus exact d'initiation de l'explosion [?]. Le tribunal ne peut fonder son jugement sur des hypothèses et des probabilités », dit le texte de la décision. « Le dommage est patent, les fautes sont toutes en lien avec le croisement de deux produits incompatibles, le DCCNa [substance chlorée] et le nitrate d'ammonium qui a explosé, mais il manque le dernier maillon, la preuve de la présence de DCCNa dans la benne déversée sur le tas de nitrates une demi-heure avant l'explosion », a détaillé le président du tribunal, Thomas Le Monnyer. « Une franche collaboration de Grande Paroisse et de sa commission d'enquête interne aurait permis l'analyse de la benne et aurait rendu inutile l'intervention d'institutions judiciaires », a-t-il souligné.Le procureur général de Toulouse a dix jours pour faire appel et il aurait fait savoir qu'il allait prendre sa décision avant la fin du week-end.l'ire des victimesSi elle a satisfait les avocats de Total, cette décision a provoqué la colère de certaines victimes. Gérard Ratier, le président de l'association des familles endeuillées, a trouvé « lamentable ce jugement qui manque de courage. Il ouvre la porte à la délinquance industrielle ». « Pour le tribunal, ce qui compte ce n'est pas la vérité mais la preuve de la vérité. On met du Tabasco sur les plaies », a renchéri Frédéric Arrou, président d'une association de sinistrés.Peu de temps avant, le tribunal avait mis « hors de cause » la maison mère de Grande Paroisse, Total, et son ex-PDG Thierry Desmarest. Il a déclaré irrecevables les citations contre Total et M. Desmarest, présentées par une vingtaine des 3.184 parties civiles. Cette procédure avait conduit à leur comparution lors des quatre mois d'audience du printemps dernier, alors même que leur responsabilité pénale n'avait jamais été envisagée lors de l'instruction. Le groupe pétrolier a déjà versé 1,95 milliard d'euros pour réparer les dégâts provoqués par la catastrophe. n
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