en bref

C comme crise, capitalisme et cupidité Le directeur de la rédaction du magazine « Alternatives économiques » sort, avec des dessins de Gérard Mathieu, un petit dictionnaire qui décoiffe. Conçu pour les non-initiés, il offre des définitions tout à fait personnelles des mots qui ont surgi à la faveur de la crise, comme cupidité, qui « sentait la morale de grand-maman », selon l'auteur. « Il ne suffit pas de changer les structures de l'économie pour rendre les hommes vertueux, comme l'a longtemps cru une bonne partie de la gauche », conclut-il. Ou comme capitalisme : un mot presque oublié ? presque un gros mot. Et voilà qu'il fait la une des journaux ! Avant la crise, en effet, on parlait « d'économie de march頻, plus chic, et qui « ne renvoie pas aux inégalités ». Vous l'avez compris, le petit dictionnaire est résolument « alter », et pas forcément optimiste sur le comportement humain. Pour garder le sourire, reste l'illustration du texte, comme ce dessin d'un homme qui ne peut même plus se mettre la corde au cou après avoir tout perdu avec Madoff. Pour investir, il avait vendu son tabouret Louis XV? L. J. B.« Petit Dictionnaire des mots de la crise », Philippe Frémeaux et Gérard Mathieu, éditions Alternatives économiques, 12 euros.Le phénomène low-cost, une spirale infernalePierre angulaire de l'économie moderne, le phénomène low-cost touche aujourd'hui non seulement les compagnies aériennes mais bien d'autres secteurs, de la nourriture aux opérations chirurgicales. Et comme chez Wal-Mart, le roi des prix cassés dans la grande distribution américaine et mondiale, les coûts bas ont un prix, que paient indirectement les consommateurs : la qualité des produits est à la hauteur du prix : riquiqui, elle aussi. Et cela va plus loin : ce sont les conditions de travail des salariés et les emplois eux-mêmes, dans les secteurs touchés, qui sont compressés. Cette nouvelle économie mondiale n'est pas un jeu « à somme nulle », au contraire, elle fait bien des perdants : en achetant un tee-shirt à bas prix, on donne certes un emploi à un salarié chinois (mal payé) mais on en détruit un autre, mieux rémunéré, ailleurs. C'est même parfois son propre travail que l'on supprime ? pour n'en retrouver qu'un autre à bas prix. Que faire alors, sinon se précipiter sur les seuls produits que l'on peut s'offrir ? Des produits low-cost, évidemment? L. J. B.« No Low-Cost », Bruno Fay et Stéphane Reynaud, éditions du moment, 17,95 euros.La normalité de l'anormalLa crise financière est venue rappeler combien nos habitudes mentales nous empêchent de comprendre les événements rares, inédits, inouïs, inattendus : krachs boursiers, catastrophes naturelles, comme les tsunamis ou les ouragans, ou industriels, comme Tchernobyl. Pourtant, ils ne sont que la conséquence directe de phénomènes de croissance, de comportements, de concentration. Daniel Zajdenweber, professeur émérite à l'université de Paris-Nanterre, avait, dès 2001, analysé cette « économie des extrêmes ». Dans une édition refondue de son ouvrage, il rappelle que « les phénomènes économiques extrêmes, sans variance ou sans espérance, unilatéraux dans la première partie et bilatéraux dans la seconde, ne sont ni des exceptions rarissimes ni des accidents dus à des chocs extérieurs anormaux, mais le produit même du fonctionnement de l'économie. » L'ouvrage en propose une évaluation didactique. R. Ju.« L'économie des extrêmes », Daniel Zajdenweber, éditions Flammarion, 236 pages, 9 euros.
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