Fillon arbitre en faveur d'Areva contre EDF

Un mercredi noir pour Henri Proglio ! Tandis que le maintien de sa double rémunération chez Veolia et EDF suscitait l'indignation sur les bancs de l'Assemblée nationale, il subissait son deuxième « recadrage » par le Premier ministre depuis sa prise de fonction fin novembre. Et sur le même sujet : ses relations conflictuelles avec Areva.La première fois, le gouvernement avait mis un bémol à ses aspirations de voir EDF prendre la tête de la filière nucléaire française. Hier, François Fillon a tenu à mettre fin à un long conflit portant sur le contrat de près de 1 milliard d'euros qui lie les deux groupes en matière de retraitement de combustibles usés.Areva, qui avait cessé de retirer ces matières des sites de l'électricien, comme l'a révélé « La Tribune » du 18 janvier, a été prié de reprendre ces opérations. Surtout, François Fillon a donné deux semaines aux deux groupes pour se mettre d'accord sur ce contrat, qui avait déjà fait l'objet d'un arbitrage gouvernemental fin 2008.« Les deux entreprises sont convenues de préciser d'ici deux semaines les conditions d'application de l'accord-cadre du 19 décembre 2008 », indique Matignon dans son communiqué. Pour Areva, cela signifie qu'EDF ne peut remettre en cause les volumes (prévus en hausse) et les prix, ou du moins « l'économie globale », indiqués dans cet accord. Évidemment, EDF, qui refuse depuis un an ces conditions, l'entend d'une autre oreille. « Nous avons quinze jours pour trouver de manière partenariale des solutions adaptées », commente le groupe.intérêts nationauxQuant au second différend contractuel, portant sur l'usine Eurodif, l'arbitrage du Premier ministre est sans appel. EDF, qui avait prévu d'acheter à l'étranger ses services d'enrichissement d'uranium en 2011 et 2012, ce qui impliquait une fermeture anticipée du site, « poursuivra son approvisionnement », écrit Matignon. Les deux groupes ont également deux semaines pour définir « des conditions économiques équilibrées » pour ce contrat. Rappelant « le rôle de l'État dans la filière nucléaire », comme il l'avait déjà fait publiquement sur le chantier de Flamanville le 26 novembre, François Fillon a tenu à souligner les intérêts nationaux en jeu et notamment « l'importance stratégique du maintien en France d'une filière complète d'enrichissement et de retraitement ».Ultime mauvaise nouvelle pour le patron d'EDF : le projet de loi sur la réorganisation du marché français de l'électricité, dévoilé hier, relève de 25 % à 30 % le maximum de production nucléaire qu'il devra vendre à bon prix à ses concurrents.
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