MBDA : un seul objectif en 2013, vendre des missiles

Pour MBDA, 2013 c\'est l\'année de tous les dangers. En clair, ça passe... ou ça casse pour le modèle économique construit avec méthode par son PDG, Antoine Bouvier. « C\'est une année déterminante pour MBDA », a-t-il pour sa part souligné plus sobrement. Aussi bien dans les pays domestiques (France, Grande-Bretagne, Italie et Allemagne) qu\'à l\'exportation, le missilier européen doit désormais engranger le plus rapidement possible des commandes : les quatre pays partenaires du missilier, notamment la France, doivent lancer le développement de programmes arrivés à maturité et MBDA doit aussi conclure certains gros contrats à l\'export dont les négociations traînent en longueur, comme celles sur le missile sol-air SRSAM (ou précédemment Maitri) en Inde.Pour autant, l\'environnement reste très difficile pour MBDA aussi bien en France où le projet de Livre blanc retarde les décisions en matière de nouveaux programmes et à l\'exportation où la concurrence devient de plus vive avec de nouveaux entrants et la forte agressivité commerciale des Américains. Bref, rien n\'est simple mais rien n\'est perdu non plus pour le missilier. C\'est déjà le cas en 2012. D\'où un bilan commercial « contrasté » l\'an dernier, comme l\'ont précisé Antoine Bouvier et son directeur du contrôle financier, Franck le Rebeller. Mais avec 2,3 milliards d\'euros de prises de commandes, MBDA est loin, très loin des prévisions de commandes escomptées début 2012 (3,5 milliards d\'euros).Un carnet de commandes en baisse depuis 2009Signe inquiétant, le carnet de commandes baisse inexorablement depuis 2009. Il est même passé pour la première fois depuis la création de MBDA en 2001 sous la barre symbolique des 10 milliards d\'euros (9,8 milliards). Soit un peu plus de trois ans d\'activité - pour un chiffre d\'affaires de 3 milliards d\'euros en 2012 stable par rapport à 2001 (3 milliards). En 2009, le carnet s\'élevait à 12 milliards, déjà en net retrait par rapport à 2003 (14,8 milliards). En 2013, MBDA vise « au moins » trois milliards d\'euros de prises de commandes, a prudemment estimé Franck le Rebeller. Antoine Bouvier insiste pour atteindre un ratio chiffre d\'affaires, prises de commandes supérieur à 1. « Il faut compenser 2011 et 2012 », années où les prises de commandes ont été inférieures au chiffre d\'affaires, a-t-il expliqué. C\'était aussi le cas en 2010.Des commandes des pays domestiques en chute libreC\'est la mauvaise surprise de 2012. Les commandes domestiques n\'ont pas été au rendez-vous des espérances de MBDA. Loin de là même. Sur les 2,3 milliards d\'euros de commandes enregistrées l\'an dernier, le montant des contrats signés par les quatre pays partenaires s\'est à peine élevé à 800 millions d\'euros. C\'est peu, trop peu. Car sur les cinq dernières années, à l\'exception de 2012, les commandes des pays domestiques se sont élevées en général entre 1,27 milliard (2009) et 1,8 milliard (2011). « Le niveau des prises de commandes domestiques est décevant », a admis Franck Le Rebeller. C\'est de France que l\'espoir peut revenir avec le lancement du programme franco-britannique de missile antinavire léger (ANL) et du missile moyenne portée (MMP), le successeur Milan (un best-seller à l\'export), qui a un fort potentiel à l\'international. Pour un missile vendu à la France, MBDA compte en vendre quatre à l\'export. Enfin, Paris souhaitait en 2011 - c\'est devenu plus illusoire maintenant - moderniser le missile Aster 30 Block 1 NT (Nouvelles technologies).Pourtant, au cœur de l\'été 2011, MBDA avait décroché le jackpot. Avant la grande trêve estivale, le dernier CMI (comité ministériel d\'investissement) du ministère de la Défense avait approuvé en juillet 2011 toute une série d\'investissements dans de nouveaux programmes de missiles (ANL et MMP) et dans la modernisation de certains grands programmes (Exocet et Aster) de MBDA. Soit un chiffre d\'affaires estimé à l\'époque entre 600 et 650 millions par an pendant une dizaine d\'années. Mais la signature de ces contrats n\'est jamais venue, la faute à l\'alternance politique et à la rédaction d\'un nouveau Livre blanc. Pour autant, Antoine Bouvier garde espoir, estimant que les missiles restent pour la France un enjeu de souveraineté.L\'Inde, une bouée pour MBDA à l\'export ?Si les commandes domestiques ont été décevantes, celles à l\'export ont redonné un peu le sourire à MBDA avec un montant de près de 1,5 milliard d\'euros, un montant jamais atteint depuis sa création. Grâce en grande partie au contrat signé début 2012 portant sur la livraison de 493 missiles air-air de moyenne portée Mica (Mica IR/EM) pour un montant de 960 millions d\'euros. Pour autant, MBDA peut être déçu du bilan à l\'export. De grands contrats sont attendus depuis des mois, voire des années, sans pouvoir accélérer la conclusion. C\'est le cas d\'une vente à l\'export du Rafale équipé de missiles ce MBDA. Un tel contrat pourrait à nouveau regonfler son carnet de commandes. Ce ne sera pas le cas vraisemblablement en 2013, la signature du contrat armements venant après celui des avions de combat. Un contrat Rafale est attendu au mieux à l\'été, sinon à l\'automne. D\'une manière générale, Antoine Bouvier souhaite atteindre \"progressivement plus de 50 % des ventes de MBDA à l\'export ». Ce sera à l\'horizon 2016. En 2011, le ratio était de 60-40 (domestique-export).Quels sont les contrats attendus en 2013. En février, lors de la visite de François Hollande, New Delhi avait annoncé avoir \"conclu des négociations sur le missile SRSAM (Short Range Surface to Air Missile, un missile sol-air de nouvelle génération), qui, une fois approuvé par le gouvernement, sera co-développé et coproduit en Inde\" avec Bharat Dynamics Limited. Un contrat de l\'ordre de 6 milliards de dollars (4,5 milliards d\'euros), dont 1,8 milliard reviendrait à MBDA, qui attend depuis des années ce très beau contrat. Un contrat qui peut tomber dans l\'escarcelle de MBDA à tout moment. En Inde, le missilier a également bon espoir de vendre des missiles air-air Asraam en vue d\'armer les vieux Jaguar de l\'armée de l\'air indienne.Oman, Turquie, MalaisieLe missilier peut par ailleurs décrocher une commande en 2013 à Oman où il a de bons espoirs de placer certains de ses missiles, notamment le Storm Shadow, à bord des douze Typhoon Eurofighter vendus fin décembre 2012 par le consortium Eurofighter (BAE Systems, EADS et Finmeccanica). Pour autant, le volet armement n\'a fait l\'objet d\'aucune négociation pour l\'heure entre Oman et BAE Systems, qui pilote la vente des Typhoon. En Turquie, MBDA, via le consortium Eurosam détenu à parité avec Thales, attend une décision fin mars pour un contrat de défense aérienne (Air Defence) évalué à plus de 1 milliard d\'euros. Mais Ankara a déjà repoussé plusieurs fois sa décision en raison de la pression des Américains. Enfin, la Malaisie pourrait enfin choisir MBDA pour armer ses corvettes (design DCNS) avec le missile surface-air VL Mica et l\'antinavire Exocet Block 3 pour un montant supérieur à 300 millions d\'euros.
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