Les groupes peinent à chiffrer leur pollution

Lentement, très lentement, les plus grandes entreprises du monde commencent à mesurer sérieusement leurs émissions de gaz à effet de serre. Dans son rapport annuel publié aujourd'hui, le Carbon Disclosure Project (CDP) révèle que 409 des 500 plus grosses multinationales de la planète lui ont rendu une comptabilité précise de leurs émissions. C'est ? un peu ? mieux que l'an dernier, quand seules 383 répondaient à l'appel. Et beaucoup mieux que lors du premier rapport de 2003, quand seule une petite moitié d'entre elles participait.« Une centaine d'entreprises qui ne répondent pas, cela reste beaucoup, reconnaît Zoe Riddell, du CDP. Nombre d'entre elles se justifient par le caractère confidentiel de ces informations pour leurs concurrents. Mais en 2009, alors que la problématique du changement climatique est si aiguë, il faudrait une publication systématique des émissions de gaz à effet de serre. » C'est d'autant plus important que ces 500 groupes représentent à eux seuls 11,5 % des émissions de CO2 mondiales, d'après les calculs du CDP, une association de fonds d'investissement gérant un total de 55.000 milliards de dollars d'actifs.C'est pourquoi le CDP a décidé d'aller plus loin. Pour la première fois cette année, est publié un palmarès des entreprises qui, non seulement mesurent leur pollution, mais agissent pour la réduire. Les points sont accordés selon l'existence d'objectifs de réduction chiffrés (établis par 78 % des répondants), un engagement actif dans des discussions avec les régulateurs de leurs pays, et la réduction effective de leurs émissions. À ce jeu-là, les meilleurs élèves peuvent surprendre : Royal Dutch Shell, Boeing, ou encore BASF. Les entreprises financières (Swiss Re, Allianz) ou high-tech (Nokia, Accenture, Cisco) sont aussi bien classées. Aucune entreprise française ne se distingue.norme internationaleLe CDP salue notamment l'intérêt de certaines entreprises pour leur chaîne de fournisseurs, dépassant le cadre de leurs seules émissions directes. Pour l'instant, il ne s'agit que de mesurer les émissions de chaque fournisseur, afin de les prendre en compte au moment de passer commande.Et même si les entreprises ne réduisent pas leurs émissions, leur simple comptabilité est déjà un progrès. « Dans l'automobile par exemple, où de nombreuses nouvelles régulations apparaissent, la capacité d'une entreprise à y faire face est un facteur de durabilité aux yeux des investisseurs », explique Zoe Riddell. Néanmoins, le chemin de la transparence ? et surtout de la réduction des émissions ? semble encore très long. Faudra-t-il passer par un système imposant à toutes les entreprises de déclarer leurs émissions, comme elles déclarent aujourd'hui leurs comptes ? Les États-Unis et la Grande-Bretagne semblent en prendre le chemin. En Angleterre, le Carbon Reduction Commitment, une norme applicable aux plus grosses sociétés, doit entrer en vigueur dès avril prochain. Quant à une norme internationale, sous la houlette de CDP, un regroupement d'entreprises a fait une proposition en mai dernier. Les normes comptables ont mis des siècles à s'imposer, mais le réchauffement climatique ne permettra pas d'attendre aussi longtemps.
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