Négociations houleuses entre Areva et Alstom-Schneider

équipements électriquesAu moment où Anne Lauvergeon ne passait pas inaperçue, en fin de semaine dernière, au Women's Forum à Deauville, Patrick Kron et Jean-Pascal Tricoire rencontraient à Paris les dirigeants d'Areva T&D, la filiale transmission et distribution du groupe nucléaire qu'ils veulent racheter. Les patrons d'Alstom et de Schneider étaient les derniers à se présenter à ces « management presentations ». Le japonais Toshiba et l'américain General Electric, associé au fonds CVC, étaient déjà « passés » dans la semaine.« Si Schneider était détendu, du côté d'Alstom, c'était très passionné, raconte-t-on chez Areva. Cela avait un goût de revanche personnelle. » Pour sauver Alstom de la faillite en 2003, Patrick Kron avait dû céder cette même filiale T&D (équipements haute et moyenne tension) à Areva. Philippe Guillemot, venu alors de chez Faurecia pour redresser T&D, mal en point, faisait donc face samedi dernier au bouillonnant patron d'Alstom. « Anne Lauvergeon, qui ne veut pas vendre, fait tout pour rendre cette activité invendable », tonne-t-on en retour dans l'entourage d'Alstom. « Elle nous donne les informations au compte-gouttes. Or, sans informations, impossible de chiffrer une offre », martèle-t-on.Sans détails sur chacune des 80 usines dans le monde, difficile en effet de préciser le partage industriel et financier entre Alstom et Schneider, établi aujourd'hui à environ 60 %-40 % des quelque 3,5 milliards d'euros qu'aimerait empocher Areva. Difficile aussi de cerner les doublons industriels et leurs conséquences sociales, estimées par les syndicats à 2.000 suppressions de postes en France.tensions sur le prixPourtant, le constructeur nucléaire, qui a dû par ailleurs affronter la semaine dernière les conséquences médiatiques de la découverte de déchets nucléaires en Sibérie et la révélation de la sous-évaluation du plutonium entreposé à Cadarache, a déjà fait preuve de bonne volonté. Début octobre, à la demande d'Alstom et de Schneider, Areva a décalé du 2 au 9 novembre la date limite de remise des offres engageantes. Le choix final doit être annoncé le 16 novembre.Le ton se tend au moment où les candidats doivent s'engager sur un prix. Alstom et son premier actionnaire Bouygues s'affichent intraitables. « Quand on achète une entreprise, on paie en général la société et le rêve, nous, on n'achètera pas le rêve », se plaît-on à répéter chez Alstom. Et de souligner les performances en baisse de T&D (? 310 millions d'euros de cash-flow opérationnel au premier semestre 2009). Pourtant, les associés justifient leur projet de partage par les synergies à attendre. Sur le papier, ils devraient donc être les plus généreux. Or c'est l'inverse. « Nous n'excluons pas que cette vente n'aboutisse pas », lancent les candidats favoris de l'Élysée. Marie-Caroline Lopez « Anne Lauvergeon, qui ne veut pas vendre, fait tout pour rendre L'activité [T&D]invendable. »
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.