Les emplois de demain, c'est aujourd'hui  !

Certains trouveront paradoxal de parler des emplois de demain alors que nous traversons la crise économique la plus grave depuis les années 1930 et que nous n'épargnons pas nos efforts pour préserver les emplois d'aujourd'hui.À cette posture attentiste, on peut opposer deux arguments. D'abord, nous devons prendre en compte la redéfinition des métiers accélérée par la crise. Ensuite, nous avons, grâce aux spécialistes, une idée des évolutions à venir : il est donc crucial d'agir en amont pour prévoir, voire accélérer, l'émergence de métiers qui seront le vivier des emplois de demain.Premier changement majeur : la lutte contre le réchauffement climatique impose d'adapter tous les métiers aux défis écologiques. Elle va faire apparaître de nouveaux métiers verts, dans l'énergie, le traitement des déchets, l'urbanisme, le BTP, les transports, et va accélérer la transformation de beaucoup d'autres métiers, comme l'automobile.Deuxième mutation essentielle : l'allongement de la durée de vie et les modifications des comportements familiaux. Pour compenser le départ à la retraite d'un actif sur trois d'ici à 2020, six millions d'emplois seront à pourvoir dans les métiers traditionnels. Pour accompagner nos aînés plus nombreux, nous devrons construire de nouveaux logements, mettre les anciens aux normes, développer les services de proximité, les transports, les loisirs et les services à domicile. Nous devons également accompagner la croissance des services à la personne, en particulier dans la santé et le médico-social. Et il va nous falloir répondre au besoin de salariés qualifiés, voire très qualifiés, dans les services en développement : informaticiens, cadres commerciaux, administratifs, comptables et financiers.Nous n'avons pas attendu la sortie de crise pour nous préparer au nouveau paysage de l'emploi qui commence à se dessiner. Pour améliorer les services à la personne, notamment en direction des aînés, nous avons lancé dès février 2008 un plan des métiers destiné à mieux identifier les besoins en services, en emplois et en formation. Notre but, c'est de construire des parcours professionnels assurant des perspectives de promotion aux salariés et d'attirer les jeunes vers ce gisement considérable d'emplois.Afin de mieux identifier et de promouvoir les emplois verts, nous venons d'engager un plan de mobilisation des territoires et des filières. Les entreprises d'insertion par l'activité économique en sont partie prenante car elles sont en première ligne pour aider les personnes en difficulté à se réinsérer par l'emploi.De manière plus transversale, nous renforçons les dispositifs de formation, pour former aux nouvelles compétences et aider les salariés faiblement qualifiés à faire évoluer leur carrière. Nous avons ainsi mobilisé 90 millions d'euros au profit de la gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences : le dispositif accompagne les secteurs en plein essor, comme les centres de relation clientèle, et prépare les mutations des métiers traditionnels, au plus près des besoins des territoires.Nous aidons par exemple le BTP à faire sa transition vers la haute qualité environnementale ; nous facilitons l'appropriation par les entreprises chimiques de la nouvelle réglementation européenne ; nous soutenons la révolution de l'e-journalisme. Nous rénovons également l'offre entreprises de Pôle emploi pour répondre à la demande des employeurs en matière de compétences nouvelles, en particulier celles liées aux services à la personne et au développement durable.Pour relever les défis qui nous attendent, il est crucial de consolider la coordination entre les services de l'État, les chefs d'entreprise, les économistes, les partenaires sociaux et les collectivités territoriales. Le colloque « Nos emplois de demain », organisé à Bercy le 16 octobre dernier, a permis, en réunissant ces différents acteurs, de tracer des pistes concrètes. De fait, nous ne pourrons créer et pérenniser des emplois non délocalisables qu'en fortifiant les approches territoriales et en cessant de raisonner selon une logique purement sectorielle. Cela veut dire créer des passerelles entre les secteurs en perte de vitesse et les secteurs en devenir, comme par exemple entre la vente à distance et les centres d'appels ; identifier les besoins de compétences auprès des entreprises et développer ces nouveaux savoir-faire avec les acteurs de la formation ; élever le niveau de qualification des jeunes qui sortent du système de formation initiale pour leur permettre d'occuper les emplois plus qualifiés qui vont émerger.L'économiste Joseph Schumpeter a bien montré comment nos économies de marché sont sans cesse alimentées par l'innovation : les « destructions créatrices » qu'impliquent ces évolutions créent des richesses mais, comme toute transition, elles peuvent être douloureuses. Il est donc impératif d'anticiper dès aujourd'hui les changements à venir, pour être prêts à saisir les opportunités qui s'ouvriront demain. n(*) Nora Berra est secrétaire d'État aux Aînés. Valérie Létard est secrétaire d'État en charge de développement durable. Laurent Wauquiez est secrétaire d'État à l'Emploi. point de vue Nora Berra, Valérie Létard et Laurent Wauquiez (*)
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