La crise gourmande en fonds propres bancaires

Les banques françaises ne se privent pas de communiquer sur leur formidable résistance à la crise. Se voulant « exemplaires », elles se sont même offert le luxe de renforcer la partie de leurs fonds propres jugée la plus solide (le « core Tier One ») rapportés au total de leurs actifs pondérés du risque (RWA, « risk weighted assets ») au premier semestre. Ainsi chez BNP Paribas, les fonds propres durs (les plus à même d'absorber les pertes) sont passés de 7,8 % fin 2008 à 9,3?% au 30 juin. Après le remboursement (effectif le 28 octobre) des 5,1 milliards d'actions de préférence souscrits par la SPPE (Société de prise de participation de l'état) et son augmentation de capital de 4,3 milliards d'euros, il s'établira à 9,1?%. La Société Généralecute; Générale est, elle, passée d'un ratio « core Tier One » de 6,7?% fin 2008 à 7,3?% au 30 juin. Après l'augmentation de capital de 4,8 milliards d'euros (la période de souscription s'est achevée hier soir), il atteindra 8 %, a indiqué le groupe. Le Crédit Agricolegricole, lui, affiche un renforcement de son niveau de fonds propres « durs », de 8 % à 8,6?%, en l'espace d'un semestre.coûteuses dépréciationsSi ces efforts sont louables et permettent aux banques françaises de répondre aux nouvelles attentes des marchés, le renforcement des fonds propres est toutefois sans commune mesure avec les capitaux levés par les établissements de crédit depuis le début de la crise (voir graphique). La Société Généralecute; Générale a, par exemple, rassemblé un total de 16,3 milliards d'euros de fonds propres durs depuis le dernier trimestre 2007 : outre les deux tranches d'aide de 1,7 milliard d'euros chacune de la SPPE (bientôt remboursées), la Société Généralecute; Générale a procédé à deux augmentations de capital (l'une dernièrement et l'autre au premier trimestre 2008, après l'affaire Kerviel, pour 5,5 milliards d'euros) et à trois émissions de dette Tier One, en décembre 2007, mai 2008 et août 2009.Les dépréciations d'actifs, liées dans un premier temps à la tourmente financière, puis à la détérioration de l'économie réelle, ont en effet prélevé leur écot. En 2008, elles ont amputé le résultat net de la Société Généralecute; Générale de 1,8 milliard d'euros, celui de BPCE de 5,1 milliards, celui de BNP Paribas de 5,6 milliards d'euros et celui du Crédit Agricolegricole de 3,4 milliards. La tendance observée au premier semestre de cette année n'est pas franchement rassurante. Si l'impact négatif des dépréciations d'actifs sur le résultat net reste limité à 880 millions d'euros dans le cas du Crédit Agricolegricole et à 1,21 milliard dans celui de BNP Paribas, il atteint déjà 3,8 milliards pour la Société Généralecute; Générale et BPCE.
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