Une filière industrielle française naissante et éclatée

Si les emplois industriels de la toute jeune filière française du photovoltaïque ont quadruplé sur trois ans, pour atteindre 3.200 personnes (à fin 2009, selon l'Ademe), sa structure reste très éclatée. L'Hexagone compte aujourd'hui une dizaine de fabricants de panneaux solaires pour une capacité de production qui a doublé en un an pour s'établir à environ 440 MW. « Soit la moitié des installations effectuées en France en 2010 pour le compte des particuliers et des professionnels », souligne le syndicat professionnel Enerplan, excédé que le gouvernement justifie son moratoire par sa volonté de ne pas subventionner des « panneaux venus de Chine ».En amont, côté cellules (les éléments de base que les fabricants de panneaux achètent et assemblent), le Syndicat des énergies renouvelables recense deux usines (l'une de cellules cristallines classiques, l'autre de modules de technologie dite de couches minces) et quatre projets, deux pour chaque technique. Parmi eux, le consortium d'industriels PV 20, réunis autour de l'entreprise MPO (Mayenne), qui travaillent avec l'Institut national de l'énergie solaire du CEA au développement de cellules de silicium multicristallin, offrant un rendement supérieur. Ils visent 30 % du marché français d'ici à cinq ans, ce qui en ferait le premier producteur français de cellules.En 2010, avec les baisses des tarifs de rachat annoncées, nombre de projets de nouvelles usines ont été suspendus, voire annulés, avant même la décision spectaculaire de First Solar et EDF EN (lire ci-dessous). L'industriel français Solairedirect a ainsi gelé la construction de deux unités de production à Châtellerault (Vienne) et Peyruis (Alpes-de-Haute-Provence), qui devaient générer la création de 160 emplois. Fonroche a de son côté abandonné son projet d'augmenter de 90 à 130 MW les capacités de production de son usine dans le Lot-et-Garonne. Faute de visibilité, l'alsacien Voltec Solar a de même renoncé à son projet d'extension de 50 à 100 MW.Enfin, en aval de la filière, les installateurs et développeurs de projets se sont multiplié ces derniers temps. Le nombre d'installateurs bénéficiant de l'appelation QualiPV a plus que doublé en 2009, s'établissant à 6.000. Devant l'incertitude du marché français, de nombreux acteurs espèrent pouvoir vendre leur expertise à l'export, en misant sur le savoir-faire spécifiquement français du photovoltaïque intégré au bâti. Marie-Caroline Lopez
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