La cession d'Ingenico à un étranger est loin d'être exclue

La spéculation boursière a marqué le pas lundi sur le titre Ingenico. La valeur du groupe français dont la cotation avait été suspendue vendredi en raison d'un projet d'offre de rachat par l'américain Danaher a terminé lundi en légère baisse de 0,28 % à 26,92 euros. Mais en cours de séance, le titre a perdu jusqu'à 10 %, au lendemain du rejet par le conseil d'administration d'Ingenico spécialisé dans les terminaux de paiement des conditions de rachat proposées. Pourtant, le dossier n'est pas totalement refermé.Surtout, l'intervention de l'État dans cette affaire est moins tranchée qu'il n'y paraît. Alors que le gouvernement a organisé des fuites dimanche sur l'information selon laquelle il aurait opposé un veto à cette transaction en raison du caractère sensible des activités d'Ingenico, c'est avant tout le prix proposé par Danaher (28 euros par action, soit 1,44 milliard d'euros au total) qui a fait capoter son approche. Safran, actionnaire à 22,5 % d'Ingenico est bien en situation d'empêcher un prédateur de prendre 100 %. Mais le groupe d'aéronautique et d'électronique de défense (dont l'État détient 30 %) est coté en Bourse et n'a pas intérêt à se faire passer pour anti-américain alors qu'il est engagé depuis des années avec General Electric dans une coopération dans les moteurs. Entreprise stratégiqueÉric Besson, le ministre de l'Industrie, a souligné lundi sur LCI que « l'État considère qu'Ingenico est une entreprise stratégique pour la filière électronique française ». Mais, il a ajouté : « Je me réjouis que le conseil d'administration d'Ingenico ait considéré que l'offre n'était pas suffisamment intéressante. C'est une étape très importante ». On en revient aux conditions de l'offre.Du coup, la banque qu'Ingenico avait mandatée cet été pour recueillir les éventuelles candidatures à un rachat, reste en charge du dossier. Le prix est bien sûr un des critères essentiels, mais il n'est pas le seul. Plus que la propriété d'Ingenico, c'est la localisation de ses équipes qui semble préoccuper le gouvernement. Autrement dit, le risque de délocalisation des centres d'ingénieurs et de recherche et développement (R&D). Or, d'après les documents en possession du gouvernement, « le projet de Danaher ne comportait aucune garantie ni engagement en matière de transferts d'emplois », nous précise une source proche.Alors qu'Ingenico ne compte que 600 salariés en France sur les 3.000 qu'il emploie dans le monde, son centre mondial de R&D est situé Valence (Drôme). Au final, si le gouvernement n'a rien bloqué du tout jusqu'ici dans ce dossier, l'épisode de ce week-end lui aura permis de poser ses conditions à une reprise.
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