La réforme de la finance mondiale peine à se concrétiser

Ce jeudi soir, les ministres des Finances des sept pays les plus riches - avant la crise financière - dîneront ensemble à Washington. De façon informelle, ils discuteront des trois jours de réunions marathons qui s'ouvrent le lendemain, le G20 finance (ministres des Finances et présidents de banques centrales) suivi des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Au menu, la régulation financière mondiale dont le chantier avait été lancé lors du G20 de Londres le 2 avril 2009.C'est un véritable travail de titan auquel se sont attelés régulateurs, parlementaires et professionnels depuis un an. Avec un élan qui s'est souvent brisé sur les considérations de modèle économique, les difficultés techniques ou, bien souvent, sur les agendas politiques de tel ou tel. Aujourd'hui le bilan est plus que mitigé. En décembre prochain, les membres du G20 espèrent avoir bouclé plusieurs dossiers, sachant que certains sont à peine ouverts ou suscitent des divisions. Un test de la cohésion mondiale aura lieu lors de la présentation vendredi par le FMI de son projet de taxe mondiale sur les banques. Un projet auquel Michel Barnier, le commissaire européen aux Services financiers a déjà apporté son soutien.Mais une application internationale de cette taxe, comme de toutes les nouvelles réglementations, n'est envisageable que si les États, à leur niveau, les font leurs. Or en Grande-Bretagne, une bonne partie de la future régulation dépend du résultat des élections législatives du 6 mai. En particulier, les travaillistes au pouvoir rejettent l'idée de séparer les activités de marché, plus risquées, de celles de banque de détail. Les conservateurs et les libéraux-démocrates la soutiennent, et ces deux partis apparaissent dans un mouchoir de poche en tête des sondages (ils pourraient même former une coalition). Dans un autre registre, les conservateurs veulent supprimer la FSA, le régulateur britannique des marchés, pour donner les pouvoirs de supervision à la Banque d'Angleterre. Le paysage financier britannique pourrait sortir bouleversé des urnes.coup d'accélérateurAux États-Unis, les poursuites lancées contre Goldman Sachs ont donné un coup d'accélérateur à la réforme. Les démocrates se sont saisis de cette affaire pour rappeler que, vingt mois après la faillite de Lehman Brothers, les règles de supervision n'ont pas changé. En décembre, la Chambre des représentants a adopté sa version de la réforme. Et, après des mois d'enlisement, le Sénat commencera à débattre la semaine prochaine d'un texte en séance plénière. Les républicains craignant que leur obstruction leur soit reprochée lors des élections de mi-mandat de novembre, les démocrates ont bon espoir qu'un texte soit bientôt voté. C'est d'ailleurs avec l'aide d'un élu républicain que la commission agricole du Sénat a voté mercredi le principe d'un abandon par les banques commerciales de certaines activités de dérivés de gré à gré. En attendant, Barack Obama ne relâche pas son effort. Mercredi, l'hôte de la Maison-Blanche a téléphoné au sénateur républicain Scott Brown, dont l'élection en janvier a coûté aux démocrates leur majorité qualifiée, afin qu'il apporte son soutien à la réforme financière. Ce jeudi, Obama prononcera un discours à Wall Street pour inciter le Congrès à agir au plus vite. n
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