Les pressions pour une réévaluation du yuan reprennent aux états-Unis

On avait cru la relation entre Pékin et Washington apaisée. Le président Obama avait repris langue avec son homologue Hu Jintao au début du mois, et surtout, le Trésor américain avait choisi de différer la publication, prévue le 15 avril, d'un rapport portant sur la gestion du yuan par les autorités chinoises. Un document qui aurait pu ouvrir la voie à la mise en place de droits de douane supplémentaires sur les importations chinoises, afin de corriger le biais du change. « La dernière chose qu'Obama souhaite est une guerre commerciale avec la Chine », remarque Claude Barfield, spécialiste du commerce à l'American Enterprise Institute, un « think tank » de Washington. Mais c'était sans compter avec certains élus et lobbys. Au-delà de Sherrod Brown, sénateur démocrate de l'Ohio et président d'une sous-commission sur la politique économique, qui a décidé d'entendre, ce jeudi, des témoignages d'experts sur la politique monétaire chinoise, c'est surtout Sandy Levin, représentant démocrate du Michigan, qui vient de jeter un nouveau pavé dans la marre. « Si la Chine ne fait rien pour laisser sa monnaie s'apprécier d'ici la fin juin, Pékin doit s'attendre à ce que le Congrès agisse pour corriger l'impact négatif de ce déséquilibre », a-t-il déclaré. La date limite de juin n'est pas fortuite : Sandy Levin espère que le prochain G20, qui se tient les 26 et 27 juin à Toronto, donnera l'occasion à Washington de bénéficier d'un appui multilatéral sur ce dossier. Déjà, la Maison-Blanche semble pouvoir compter sur celui de l'Inde et du Brésil. Le banquier central indien a déclaré que « la rapide augmentation des exportations chinoises vers l'Inde, sans commune mesure avec les exportations indiennes en Chine, reflétait avant tout la gestion du taux de change ». Quant au Brésilien, il vient d'estimer qu'il était « absolument indispensable que la Chine laisse s'apprécier sa monnaie ». La vigueur du real face au dollar, mais aussi au yuan, pénalise grandement les exportateurs brésiliens. Entre 2005 et 2008, Pékin avait laissé filé le yuan, induisant une réévaluation face au dollar de l'ordre de 20 %. Puis, sur fond de crise économique mondiale, elle avait renoué avec un lien fixe avec le billet vert, en 2008. « La Chine pourrait lâcher de nouveau la bride », estime Claude Barfield. Si le président Obama se veut mesuré, il pourrait, à l'aube des législatives de novembre, être poussé à agir par l'aile gauche de son parti. L'Economic Policy Institute, un « think tank » proche des syndicats, vient de publier une étude dans laquelle il assure que 2,4 millions d'emplois américains ont été détruits entre 2001 et 2008, en raison des manipulations de change de la Chine.
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