La culture du chanvre fait son retour en France. Après avoir occupé quelque 150.000 hectares au XVIIIe siècle, elle avait presque disparu de nos campagnes avec l'émergence des fibres synthétiques. Aujourd'hui, 10.000 ha de terres sont à nouveau consacrés au chanvre, plaçant le pays en tête des producteurs européens devant l'Allemagne et le Royaume-Uni. Et cette surface est en constante hausse puisqu'elle ne dépassait pas 7.000 ha en 2001. Il est vrai que la plante ne manque pas d'atouts, notamment au regard des contraintes écologiques pesant sur le monde agricole : peu exigeante en eau comme en azote, elle ne nécessite aucun traitement phytosanitaire. « Ces caractéristiques rendent sa culture particulièrement adaptée à proximité des zones de captage d'eau potable », commente-t-on chez Euralis, une coopérative agricole paloise (1,29 milliard d'euros de chiffre d'affaires) qui s'investit depuis deux ans dans cette filière. Sa production de paille de chanvre atteindra cette année entre 15.000 et 20.000 tonnes environ pour 3.000 ha de surfaces cultivées en Aquitaine et Midi-Pyrénées.La coopérative a par ailleurs investi 8 millions d'euros dans la création à Cazères (Haute-Garonne) d'une usine de première transformation qui peut traiter jusqu'à 35.000 tonnes de paille de chanvre par an. Il s'agit de la plus importante unité européenne capable de produire 90 % de fibres techniques. Son activité, démarrée début 2008, consiste à séparer, par traitement mécanique, la fibre extérieure de la chènevotte, la partie moelleuse de la tige. Actuellement, l'essentiel des débouchés du chanvre repose sur sa fibre, résistante et imputrescible, qui est surtout exploitée pour la fabrication de matière isolante dans le bâtiment et de papiers spéciaux comme le papier bible. En revanche, la chènevotte, bien que très volumineuse, reste difficile à valoriser. Elle sert pour l'essentiel encore aujourd'hui à faire de la litière pour animaux. Mais dans le cadre de son partenariat avec le pôle de compétitivité AgriMip, Euralis a mis au point en collaboration avec des laboratoires de l'université de Toulouse une brique de chanvre entièrement recyclable, constituée à 80 % de chènevotte à laquelle sont associés un éco liant à base de chaux et des adjuvants d'origine végétale.des maisons en chanvreCette brique encore à l'état de prototype et disposant d'un pouvoir isolant élevé constitue le c?ur d'un système constructif mono-mur autoporteur conforme aux normes thermiques applicables à compter de 2012. Conçue pour permettre à Euralis de mieux valoriser sa production, elle sera fabriquée sous licence par un briqueteur toulousain à partir de 2011. Au départ, le rythme de production de ces briques permettra la construction de 40 maisons individuelles de 110 m2 par mois. Mais il devrait peu à peu monter en puissance jusqu'à satisfaire une demande correspondant à la construction de 350 maisons par mois. Le temps pour Euralis d'améliorer ses rendements et d'augmenter ses surfaces de production. nPeu exigeante en eau comme en azote, cette plante ne nécessite aucun traitement phytosanitaire.

latribune.fr

23 Sept 2009, 1:42

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