Qui contrôlera la télévision connectée à Internet ? ?

La « télévision connectée », c'est-à-dire reliée à Internet via une connexion haut débit, va apparaître dans les foyers dans les mois qui viennent. Le téléviseur, une fois raccordé à Internet, pourra surfer sur la Toile, notamment des sites comme Youtube ou M6 Replay. Mais il pourra aussi afficher en bas de l'écran des petites applications interactives ? les « widgets » ?, que le téléspectateur pourra lancer tout en continuant à regarder son programme.D'ores et déjà, une bataille de géants a lieu pour contrôler cette télévision connectée. Elle oppose les fabricants de téléviseurs, les géants de l'Internet, les fournisseurs d'accès Internet (FAI) et les chaînes de télévision. A priori, ceux qui sont sur la touche sont les fournisseurs d'accès à Internet, court-circuités par le branchement direct du téléviseur sur le modem haut débit. « Les FAI perdent le contrôle qu'ils avaient de la TV sur ADSL, où ils choisissaient à leur guise les services proposés », se réjouit une chaîne.Et a priori, ceux qui ont la main sont les constructeurs, libres de commercialiser les postes qu'ils veulent. Ils sont donc assidûment courtisés. Depuis un an, Yahoo a déjà annoncé des accords avec Samsung, Sony, LG et Vizio. Panasonic a signé avant l'été un accord avec Eurosport pour offrir des séquences sportives à la demande dans ses téléviseurs Viera. Au dernier Salon de l'électronique grand public IFA à Berlin, Arte était présent sur les téléviseurs de Philips, tandis que Sony signait avec M6 pour proposer M6 Replay, le service de télévision de rattrapage sur Internet de M6, sur ses nouveaux Bravia. De son côté, TF1 discute avec plusieurs constructeurs, dont Samsung.projet de charte« Les constructeurs sont en position de force en Asie. Les fabricants japonais sont même devenus agrégateurs en développant un portail commun. Aux États-Unis, Yahoo et Google sont en train de s'imposer », raconte une chaîne française. « En Europe et particulièrement en France, l'enjeu est que les chaînes gardent le contrôle des applications apparaissant sur leurs programmes », souligne Jean-François Mulliez, directeur délégué des nouveaux médias chez TF1. Une autre chaîne ajoute?: « Je n'ai pas envie de voir de la publicité pour un programme concurrent apparaître durant la diffusion de mon signal. »Toutes les chaînes TNT françaises préparent donc depuis plusieurs mois une charte « commune et solidaire » pour contrôler les incrustations effectuées dans leur programme. Le projet de charte affirme que « les chaînes exercent un contrôle total et exclusif sur les contenus et services affichés en surimpression (totale ou partielle) ou autour de leurs programmes diffusés. Les chaînes sont les seuls acteurs habilités à enrichir leurs programmes s'ils le jugent utile, au moyen de services additionnels ». Autre exigence?: « Les chaînes s'opposent à toute démarche redirigeant le téléspectateur vers d'autres contenus et services sans accord préalable. » Enfin, les chaînes réclament que les services interactifs soient « pilotés par le flux audiovisuel diffusé par la chaîne ».Pour s'imposer dans ce bras de fer, les groupes audiovisuels cherchent aussi une base juridique à leur position. La charte avance donc deux arguments?: les chaînes sont responsables vis-à-vis des ayants droit de ce qui arrive à leurs ?uvres?; et elles sont aussi responsables vis-à-vis des pouvoirs publics du respect de la réglementation.Cette charte a été élaborée par le GT1, groupe de travail sur la TNT interactive placé auprès du ministère de l'Industrie et du CSA. Des chaînes françaises ont aussi contacté leurs homologues européennes pour les sensibiliser, et faire un front commun sur le sujet.
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