Prix du lait  :

Hervé Tudal, 47 ans, producteur de lait à Préfontaines, dans le Loiret, n'était pas hier place de la République à Paris pour distribuer du lait. Pas plus qu'il n'en a répandu à Bruxelles lundi dernier. « Je soutiens néanmoins le mouvement », dit-il. Si le prix du lait a tendance à remonter très légèrement ces dernières semaines ? sans doute en raison des craintes de pénurie, pour cause de « grève du lait » (depuis le 10 septembre dernier), associées à la perspective d'un regain de la demande, notamment chinoise ? il n'a cessé de baisser depuis le début de la crise économique. Entre 2008 et 2009, le cours a perdu près de 30 %. « Nous sommes tombés à 23 centimes d'euros par litre cet été, relève Hervé Tudal. Récemment, nous avons reçu 31 centimes. » Pour couvrir ses frais de production, il faudrait que le lait lui soit payé au moins 10 centimes de plus qu'aujourd'hui?La proposition franco-allemande d'une régulation du marché pour soutenir les prix reste cependant dans les limbes pour l'instant. Le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, s'est contenté d'annoncer lundi soir un déblocage immédiat de 250 millions d'euros de prêts bancaires pour les producteurs de l'Hexagone. Ce qui reviendrait, selon les syndicats, à 2.500 euros par ferme, alors que les pertes moyennes seraient de 15.000 euros. Notre producteur du Loiret est plus que circonspect : « J'ai fait 230.000 euros de frais pour remettre ma stabulation aux normes, alors un tel prêt? » Ses deux fils reprendront-ils son exploitation, sur laquelle il produit, avec 40 vaches, environ 300.000 litres de lait par an ? C'est ce qu'il souhaite, mais rien n'est sûr.La production de lait française ? deuxième en Europe après l'allemande ? ne cesse de subir de mauvais coups. En avril 2008, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, a ainsi estimé que les négociations entre producteurs et acheteurs équivalaient à des « ententes » sur les prix, illégales aux yeux de l'autorité chargée de défendre les consommateurs. Résultat, « nous sommes l'une des rares professions où l'on vend sans savoir le prix que l'on va être pay頻, s'insurge Hervé Tudal. Même grogne sur les quotas européens. Ils devraient disparaître d'ici 2015, et déjà, ils sont relevés de 1 % par an. Certaines grosses fermes en auraient profité pour accélérer la cadence, créant une surproduction ? au moment où la demande tombait. De quoi plomber un peu plus les prix? « Si rien n'est fait pour réguler la production via des quotas et encadrer la relation producteurs-acheteurs, les petites fermes disparaîtront, regrette Hervé Tudal. Or c'est exactement l'inverse que prêche le discours agricole français mettant l'accent sur la diversité (fromages?) et le paysage, souligne-t-il?
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