Les recettes de la taxe poids lourds aiguisent les appétits

En cette période de disette budgétaire, la moindre opportunité de nouvelles recettes aiguise les appétits. La toute récente décision du gouvernement, d'attribuer au consortium Ecomouv' la charge de construire les infrastructures nécessaires à la mise en oeuvre de l'écotaxe poids lourds a relancé les spéculations. Avec, à la clé, une recette de 1,2 milliard d'euros par an.Née d'une directive européenne, la taxe poids lourds doit être mise en oeuvre en principe dès 2013. Elle frappera tous les camions de plus de 3,5 tonnes qui emprunteront les 12.000 km de routes nationales et les quelque 2.000 km de routes départementales à fort trafic. Déjà mise en oeuvre en Allemagne ou en Suisse, elle aurait dû être effective à partir de 2010. Cependant, des obstacles techniques à surmonter ont été invoqués par les pouvoirs publics pour en repousser le démarrage. Avant de taxer les trajets des poids lourds européens et français roulant sur notre réseau routier, encore fallait-il installer tout un dispositif de portiques de contrôle et de boîtes électroniques embarquées dans les camions afin de bâtir un système qui interdise les erreurs et abus de taxation, mais aussi qui décourage les tentatives d'escroquerie. De nombreux politiques y voient l'opportunité de recettes nouvelles qui permettraient de financer des projets routiers dans leur région. C'est le cas du président PS du conseil général de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg, et du député-maire UMP de Charnay-lès-Mâcon, Gérard Voisin. Opposés politiquement, ces deux élus se retrouvent pour proposer d'utiliser une partie des fonds générés par l'écotaxe afin de financer la mise à deux fois deux voies sans péage d'une route traversant leur territoire. D'autres velléités se font jour qui pour financer un carrefour, qui pour payer les travaux d'une nouvelle bretelle d'autoroute... DévoiementCes propositions font bondir un collectif qui rassemble des ONG environnementalistes, des syndicats (CGT, CFDT) et des associations d'usagers de la route qui crient au détournement d'argent. Ces idées s'opposent « aux engagements du Grenelle de l'environnement qui indiquaient clairement que le produit de la taxe poids lourds serait affecté aux infrastructures ferroviaires via l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) », proteste le collectif. Même levée de boucliers de la part de France nature environnement (FNE), dont le responsable réseau transports Michel Dubromel déclare qu'il « serait absurde de voir cette écoredevance pillée pour financer des nouveaux projets d'autoroute, en contradiction totale avec les engagements du Grenelle ». Le gouvernement n'a pas réagi. Toutefois, s'il avalisait ces projets, une fois de plus l'esprit du Grenelle apparaîtrait dévoyé pour nombre de ses partisans.
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