La flexibilité, clé de la solide croissance allemande

Le secret du succès économique allemand ? La flexibilité ! C'est du moins ce qu'affirmait jeudi dernier l'Institut de recherche du marché de l'emploi, l'IAB, qui dépend directement de l'agence fédérale de l'emploi (BA). Selon cet institut, « la flexibilité des temps de travail a contribué de façon notable au retour d'un fort taux de croissance en Allemagne ». Après avoir baissé le temps de travail global de 1,2 % en 2009, les entreprises allemandes ont pu réagir rapidement à la reprise de l'activité en augmentant de 0,4 % le temps travaillé en 2010. Les commandes ont ainsi pu être rapidement honorées. Après la récession de 2003, le temps de travail n'avait cessé de reculer durant quatre ans. Cette capacité d'adaptation s'explique en grande partie par un recours croissant aux formes d'emplois précaires. L'IAB souligne que le travail à temps partiel est en progression. Sa part dans l'emploi global est passée de 27,2 % à 34,8 % en dix ans. Même en 2009, cette forme d'emploi a continué de progresser de 2,2 %. Mais une autre stratégie semble être apparue au cours de cette crise : la volonté de conserver le coeur de ses effectifs malgré la crise. L'emploi à temps plein n'a ainsi reculé que de 1,1 % en 2009, malgré un recul du PIB de 4,7 %, et est remonté de 0,3 % l'an passé. On est très loin de la saignée de 2003 où, avec un PIB en recul de 0,2 %, l'emploi à temps plein avait baissé de 2,8 %, poursuivant sa baisse de plus de 2 % jusqu'en 2005. Chômage partielC'est que les patrons allemands, voulant être rapidement prêts à réagir à un rebond d'activité, ont eu recours à la flexibilité interne du temps de travail, que ce soit par le chômage partiel, le recours aux comptes d'épargne temps ou à l'ajustement des heures supplémentaires. Ces dernières, par exemple, ont été réduites de 19,6 % en 2009 avant de rebondir de 13,5 % en 2010. Ce sont ainsi 281 millions d'heures travaillées qui ont pu être économisées en 2009 et 162 millions qui ont pu immédiatement être mobilisées pour faire face à la reprise de la demande. Une étude publiée la semaine passée par l'institut IW de Cologne confirme cette tendance : 67 % des employeurs y affirment que, face à la nécessité, ils auront recours à des mesures de réduction interne du temps de travail. Ils sont seulement 18 % à préférer une réduction des effectifs précaires et 13 % à penser réduire les effectifs en CDI. Ce sont donc bien les réformes de flexibilisation du gouvernement Schröder initiées aux débuts des années 2000 qui ont porté leurs fruits en cette fin de décennie. Mais la flexibilité à l'allemande semble prendre une forme qui lui est propre et qui n'exclut pas le besoin de stabilité des effectifs de la première économie européenne.
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