Zone euro : « Un tournant dans la gestion de la crise »

STRONG>Jacques Cailloux, Économiste en chef chez RBS à LondresPour sortir de la crise, les chefs d'État de la zone euro explorent la piste du rachat des dettes par les États en difficulté eux-mêmes. En pratique, comment cela fonctionnerait-il ? Les États au coeur de la zone euro prêteraient de l'argent aux pays en difficulté, via le Fonds de stabilité financière, pour qu'ils puissent racheter leur dette à leur valeur de marché. Lequel fonds se refinancerait en émettant des obligations. Et ce, pour un montant de 300 milliards s'il devait financer le rachat à leur valeur de marché de 40 % de la dette en circulation de la Grèce, du Portugal, de l'Irlande et de l'Espagne. Ainsi, si la Grèce avait la capacité de racheter toute sa dette en circulation, cela lui permettrait de la réduire de 30 %. C'est une opération de gestion optimale de trésorerie, comme l'ont fait les grandes entreprises ces derniers mois pour profiter de la baisse des taux. En vérité, comme les investisseurs institutionnels n'apporteraient pas leurs titres à l'offre, et qu'un rachat massif ferait remonter le cours des emprunts d'État, la Grèce ne pourrait réduire sa dette que de 10 à 15 %. Pour elle, ce serait une réelle bouffée d'oxygène.Pour les investisseurs, c'est mieux qu'un défaut...Oui, car le prix de rachat est fonction des prix de marchés.Mais cela transférerait le risque de la dette grecque aux contribuables des États prêteurs. Au moment où les marchés considèrent que les chances de défaut de la Grèce augmentent, peuvent-il l'accepter ? Il est clair que cela ne marche que si et seulement si la consolidation fiscale des pays qui empruntent est suffisante pour générer à terme des surplus, lesquels seront utilisés pour rembourser ces emprunts. Si les pays prêteurs estiment crédible le plan de redressement de leurs finances, c'est parce qu'ils ont pris le contrôle effectif de leur politique économique. Est-ce un pas vers le fédéralisme économique ? Oui, nous sommes à un tournant de la gestion de la crise : l'Europe sort de son carcan et réfléchit à une solution commune tenant compte de la réalité des marchés et des régions. Reste à savoir si ce sera suffisant pour mettre un terme à la crise. Propos recueillis par Valérie Segond
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.