Jean-Marie Messier condamné à trois ans de prison avec sursis

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné vendredi Jean-Marie Messier (J2M) à trois ans de prison avec sursis et 150.000 euros d'amende. L'ex-PDG de Vivendi Universal (VU), qui va faire appel, a été condamné pour « abus de bien sociaux » au sujet du parachute doré de 20,5 millions d'euros qu'il « s'est fait attribuer » par VU. Le tribunal a jugé ce parachute « contraire à l'intérêt social ». Pour les juges, la « gestion très risquée » de J2M avait mené à « des impasses financières » et « une grave crise de liquidités ». Dès lors, ce parachute « très important » était « excessif au regard de la situation financière » de VU, qu'il « contribuait à aggraver ». Et J2M « a même persisté dans sa conduite, en poursuivant obstinément le paiement » du parachute. À l'audience, avant l'été, l'ex-PDG avait argué qu'il n'avait jamais touché ces indemnités, auxquelles il avait renoncé pour mettre fin aux poursuites de la SEC, Mais cet argument a été écarté par le tribunal. « Véritable prestidigitateur »En outre, le tribunal a aussi condamné J2M pour « diffusion d'informations fausses ou trompeuses ». Il lui reproche d'avoir déclaré en avril 2002 que « le cash flow opérationnel [...] doit pouvoir servir demain, non seulement aux dividendes, mais également au remboursement de la dette ». Pour le tribunal, J2M a ainsi « utilisé des indicateurs techniques dont le sens est volontairement détourné, pour leur faire dire le contraire de la situation réelle, et conclure sur une marge de manoeuvre que la situation financière réelle de VU ne permet pas ». De plus, J2M avait affirmé en décembre 2000 que la branche média de VU était « nette de dette ». Pour le tribunal, cette déclaration « particulièrement trompeuse [...] permettait d'éluder un montant de dette très significatif ». D'abord, la dette « effective » de la branche s'élevait à 12 milliards d'euros. Ensuite, J2M « entretient une ambiguïté entre la branche média et le groupe VU, qui comprend Vivendi Environnement », et ses 13 milliards de dette supplémentaires. Bref, « Jean-Marie Messier a adopté un comportement de véritable prestidigitateur de dette, qui ne pouvait certainement pas être décelé par l'actionnaire individuel, qui ne pouvait qu'être trompé par sa présentation tronquée et fallacieuse ». Parallèlement, l'ex-vice-président Edgar Bronfman Jr a été condamné à quinze mois de prison avec sursis et 5 millions d'euros d'amende ; et l'ex-directeur financier Guillaume Hannezo à quinze mois de prison avec sursis et 850.000 euros d'amende. Ce dernier et J2M devront en outre payer 1,2 million d'euros de dommages à près de 250 petits porteurs, indemnisés à hauteur de 10 euros par action.
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