Le rituel est immuable avant chaque journée de mobilisation. Et ce jeudi n'a pas dérogé à la règle. Les leaders syndicaux ont battu le rappel et invité, à l'instar de Bernard Thibault de la CGT, les manifestants à être « beaucoup plus d'un million » pour montrer leur rejet de la réforme des retraites. De son côté, l'exécutif a, par la voix d'Éric Woerth, affirmé « comprendre l'inquiétude » tout en jugeant « indispensable » la réforme.Mais cette fois, derrière le formalisme des propos, se jouent sans doute les contours précis de la réforme des retraites. Car si le chef de l'État a, vendredi, demandé à Éric Woerth de réfléchir à d'éventuelles améliorations des mesures concernant la pénibilité ou les polypensionnés, il s'est gardé d'en préciser la teneur et l'ampleur. Que l'intersyndicale parvienne, ce jeudi, à drainer dans les rues plus d'un million de manifestants - chiffre des cortèges du 27 mai - ou s'approche des mobilisations du début de 2009 contre la crise et l'exécutif n'aura d'autre choix que de jouer sur un, voire plusieurs, des leviers qu'il a à sa disposition (lire ci-après). Sans toucher à sa mesure la plus emblématique, le recul de l'âge légal de départ à la retraite.Que les cortèges soient moins fournis et les syndicats ne seront pas en mesure d'arracher d'ultimes concessions. Mûrement pensé par l'exécutif, le calendrier ne leur est, en effet, pas favorable. Ils ne pourront pas organiser de nouvelles actions d'ampleur avant la trêve estivale. Et faute de poursuivre sur l'élan de ce jeudi, ils auront, à la rentrée, beaucoup de difficultés à relancer la mobilisation.Au matin même de la journée contre les retraites, difficile d'en prévoir l'issue. Les syndicats se sont employés à rassembler le plus de manifestants possibles. Ils affichent un front de plus en plus uni. Certes, ni Force ouvrière ni la CGC n'ont encore rejoint officiellement l'intersyndicale composée de la CGT, la CFDT, l'Unsa, la CFTC, Solidaires et la FSU, mais leurs militants seront partie prenante des cortèges. Enfin, les récentes déclarations sur la rigueur et le gel des salaires sont de nature à mobiliser dans la fonction publique. Dès jeudi soir, les leaders syndicaux afficheront leur satisfaction face à leur succès. Succès que l'exécutif s'emploiera à minimiser. Dans quelques jours, l'ampleur des « gestes » du gouvernement sera un bien meilleur indicateur de l'équilibre des forces.

latribune.fr

23 Juin 2010, 23:21

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