Copenhague, une mode à suivre

Du 11 au 15 août derniers, une cinquantaine de créateurs ont défilé au coeur de Copenhague, à deux pas, pour la plupart, des jardins Tivoli et du Town Hall Square. Alors que les journalistes locales rejoignaient à bicyclette les présentations - bien loin des cortèges de grosses berlines embouteillant les rues parisiennes ou milanaises -, d'autres, tout aussi décontractées, assistaient aux shows des charmantes têtes blondes, assises sur leurs genoux, un gobelet de café ou une bière à la main. Il n'est pourtant pas question d'amateurisme ou de désinvolture. Ici, les professionnels de la mode respectent très sérieusement un planning chargé (43 défilés au total, certains programmés jusqu'à 23 heures) et une organisation béton. Mieux, les différents acteurs du secteur assistent, très sérieusement, à la plupart des présentations. Aussi, il n'est pas rare d'apercevoir, campés aux premiers rangs, des stylistes d'autres maisons venus « en amis ». Impensable ailleurs... Pourtant, derrière la sympathique image d'Épinal, certains dénoncent discrètement les limites d'un système jugé immature et trop démocratique. Un sentiment partagé par Suzanne Rützou, la créatrice de la marque éponyme. Pour elle, « non seulement le secteur manque de moyens et de stratégies marketing efficaces, mais aussi ici, dans les pays du Nord, on a tendance à mélanger trop facilement jeunes créateurs et enseignes commerciales ». Une irrégularité et un « exotisme » pas très séduisants pour la presse internationale - remarquée pour son absence - particulièrement exigeante, et des acheteurs devenus frileux au sortir de la crise. Alors que le design scandinave, depuis les années 1940, cartonne (Arne Jacobsen, Marcel Wanders, Bruno Mathsson, Borge Mogensen etc.), l'industrie du prêt-à-porter peine à percer. Pour apprécier cette semaine de la mode, il fallait donc faire des choix. On se laisserait ainsi bien tenter par les imprimés klimtiens de Rützou justement, les délicats cotons de la marque Jean//phillip, la bonne humeur contagieuse de Peter Jensen et la sophistication de Noir. Hors des podiums, on tombe sous le charme des adolescents stylés sortis des très populaires enseignes Ginat Tricot, Deres, Vero Moda, Pieces, ou arpentant les quartiers branchés de Christiana ou Vesterbro. En mixant des pièces bon marché et en faisant du neuf avec du vieux (le Danemark jouit d'une longue tradition du vintage), chacun affiche une dégaine toute personnelle. Une notion très importante pour les habitants d'un si petit royaume (5 millions d'habitants). Sans surprise, la fédération danoise a donc choisi la rue pour organiser le clou de cette semaine de la mode, dans l'artère principale de la ville, Stroget. Devant 100.000 spectateurs plus qu'enthousiastes, 220 mannequins ont défilé sur un peu plus de 1,5 km. Portant sur les épaules une sélection de quelque 500 marques scandinaves. Buzz garanti.
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