Total décide de fermer sa raffinerie de Dunkerque et relance l'inquiétude sur l'emploi

La crise économique et industrielleSelon nos informations, Total annoncera le 1er février la fermeture de sa raffinerie des Flandres, à Mardyck, près de Dunkerque, où travaillent 780 personnes dont 400 sous-traitants, en grève depuis le 12 janvier. Selon des sources concordantes, le pétrolier, qui refuse tout commentaire, va convertir le site en dépôt de carburant, qui emploierait entre 30 et 50 personnes. Cette annonce, qui devrait intervenir dix jours avant la publication des bénéfices 2009 de Total, attendus autour de 8 milliards d'euros, ne va pas manquer de susciter une nouvelle fois la polémique.Conscient du risque politique en pleine campagne électorale des régionales, Christophe de Margerie, le patron de Total, a tenté de déminer le terrain. Il a rencontré en début de semaine dernière François Fillon en tête à tête pour lui expliquer ses arguments « industriels ». Il n'est pas sûr que cela suffise juste après l'affaire de la Clio 4 à Flins, qui a conduit Nicolas Sarkozy à recevoir très médiatiquement le patron de Renault, Carlos Ghosn, un samedi après-midi à l'Élysée, pour obtenir des éclaircissements sur l'avenir de l'usine automobile.D'autant que la région Nord-Pas-de?Calais, fief historique du Parti socialiste, est particulièrement touchée par la désindustrialisation. Fin décembre, l'usine d'emballage aluminium Rexam, à Gravelines, qui emploie 140 personnes a fermé ses portes. Le haut-fourneau d'ArcelorMittal à Dunkerque tourne à régime réduit. Les élus sont sur le pont. L'intersyndicale de la raffinerie a contacté tous les députés, sénateurs et maires des deux départements pour qu'ils appuient leur demande de moratoire. Même les élus UMP s'en mêlent. Jean-Pierre Decool, conseiller général du Nord, a écrit au ministre de l'Industrie, Christian Estrosi.« le business avant l'image »Le calendrier choisi pour cette annonce semble, une fois encore, provocateur. D'autant que l'an dernier, à la même époque, Total avait déjà provoqué l'indignation et s'était attiré les foudres du gouvernement en lançant un plan de restructuration de son raffinage, avec 550 suppressions de postes en France, quelques jours après avoir annoncé des bénéfices record de 14 milliards d'euros. Une décision jugée alors « scandaleuse » par Laurent Wauquiez, secrétaire d'État à l'Emploi.Il en faudrait davantage pour impressionner Christophe de Margerie. S'il affirme dorénavant haut et fort que « l'image fait partie des axes stratégiques du groupe », il ajoute qu'il n'est pas question « de sacrifier le business à l'image ». La poursuite de l'activité de la raffinerie des Flandres, en arrêt « conjoncturel » depuis la mi-septembre, exigerait un investissement de 60 à 120 millions d'euros pour la maintenance quinquennale, prévue de longue date en mars 2010. Élections régionales ou pas, Total tient à prendre sa décision avant cette échéance. Et l'annoncer avant ses résultats annuels lui permettra de rassurer la communauté financière, soucieuse de voir le pétrolier résoudre son problème de surcapacité de production d'essence en France. Marie-Caroline Lopez
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