Les ingénieurs français en mal d'innovation

Mondialisation et désindustrialisation sont les grands défis auxquels doivent répondre les écoles d'ingénieurs françaises. Malgré un modèle qui s'exporte bien, la question se pose de leur apport à l'innovation industrielle nationale alors que les ingénieurs chinois sont de plus en plus nombreux. C'était d'ailleurs le thème abordé ce jeudi à Paris par la troisième convention des doyens européens des formations en ingénierie. « Si nous n'anticipons pas assez l'avenir, alors l'ingénierie ne sera plus à même de créer de l'innovation », a ainsi alerté Francesco Profumo, vice-président de l'association européenne des formations d'ingénieurs Caesar. Récemment, le président de l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI), Jean-Charles Pomerol, s'inquiétait du fait que « la France manque d'ingénieurs pour assurer la bonne marche de sa production industrielle et de services technologiques » (latribune.fr du 14 février 2010). « La France ne manque pas d'ingénieurs, nuance Julien Roitman, président du Conseil national des Ingénieurs et des scientifiques de France (CNISF). Les 213 écoles accréditées diplôment 31.500 ingénieurs par an dont 26.000 restent sur le marché du travail français. Ce qui correspond au nombre d'offres d'emplois. » On compte environ 700.000 diplômés en exercice dont 500.000 officient dans une activité d'ingénierie auxquels s'ajoutent autant exerçant un métier d'ingénieur ou de cadre technique sans diplôme dédié.Mise en place de modulesMais un récent rapport de l'Institut Montaigne rédigé par trois jeunes polytechniciens se montre plus alarmiste. Face au défi de la désindustrialisation, « comment former aujourd'hui les jeunes ingénieurs qui seront demain les acteurs des succès de la France ? » s'interrogent les auteurs, estimant qu'il « s'agit désormais de faire face à une innovation décentralisée et multiforme qui n'est plus le monopole des grands programmes ». Pointant le faible taux d'ingénieurs titulaires d'un doctorat (4 %) et surtout de créations d'entreprises (5 %), le rapport formule dix propositions, parmi lesquelles la mise en place de modules « création d'entreprise » ainsi que d'ateliers incubateurs de créativité dans les écoles et le développement de la présence physique des entreprises sur les campus. « Attention, modère Paul Jacquet, président de la conférence des directeurs d'écoles d'ingénieurs (CDEFI), 10 % des ingénieurs créent des entreprises aux États-Unis, mais la moyenne européenne est de 2 % à 3 %. La France n'est donc pas si mal placée. » Selon lui, le soutien à l'innovation passe aussi par des liens plus étroits entre ingénieurs et PME via, par exemple, la mise à disposition d'élèves ingénieurs autour de projets de fin d'études. De son côté, le CNISF a décidé de lancer avec Oséo un plan d'action pour promouvoir l'entreprenariat. Clarisse Jay
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