le parlement européen saisi de la question des rémunérations

« Une cause majeure de la crise actuelle. » Voilà ce que disait des politiques de rémunération dans le secteur financier le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, en juillet dernier. En conséquence de quoi, Bruxelles veut autoriser les autorités financières à réclamer des fonds propres supplémentaires aux banques qui ne respectent pas les règles de prudence élémentaires énoncées par le Forum de stabilité financière et le G20 sur les bonus. Ces mesures sont actuellement devant le Parlement européen, qui discute d'une troisième révision de la directive sur les fonds propres.En avril 2009, c'était le commissaire au Marché intérieur, l'Irlandais Charlie McCreevy, qui mordait la joue des administrateurs de sociétés cotées : « Leurs systèmes de rémunération ont trop souvent mené à des actions de gestion à trop court terme et parfois à une ?rémunération? de l'échec. » Le prédécesseur de Michel Barnier à la Commission a dressé une liste de « saines recommandations » : limitation à deux ans de salaire des « parachutes dorés », alignement entre rémunération variable et performance, possibilité de recouvrer ces dernières en cas de contre-performance. Aux États membres de les promouvoir auprès de leur establishment économique.À l'automne, enfin, c'était au tour des ministres des Finances et des députés européens de mettre un coup de vis aux généreux salaires et autres primes que se versent les gestionnaires de fonds alternatifs. Si la directive sur les hedge funds est adoptée en l'état du compromis discuté au Conseil Ecofin, les dirigeants de ces fonds devront à la fois respecter les principes internationaux, comme les banquiers, mais aussi publier leurs rémunérations. Ce qui ne les enchante guère. Mais Bruxelles n'en restera pas là. Le commissaire Barnier a laissé entendre qu'il remettrait « courant 2010 » la question sur la table. Pour proposer quoi ? La Commission a théoriquement la possibilité de proposer une taxe européenne sur les bonus, mais ses initiatives fiscales se sont si souvent enlisées dans les sables de l'unanimité requise au Conseil qu'elles sont très rares. Probablement Michel Barnier est-il encore en train d'apprécier la fenêtre politique dont il dispose.Yann-Antony Noghès, à Bruxelle
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.