La crise politique place désormais le Portugal dans l'antichambre de l'aide européenne

Les obligations portugaises ont été relativement épargnées ce jeudi après avoir, sans surprise, très mal réagi à l'annonce mercredi soir du rejet par l'opposition des nouvelles mesures de rigueur. Mais le pays reste plus que jamais sous la pression des marchés financiers, alors que d'importants remboursements de dette d'environ 9 milliards d'euros se profilent en avril et en juin. Malgré la dégradation de la note du pays de deux crans à « A- » par l'agence Fitch, le taux des titres à 5 ans portugais augmentait de seulement 4 points en fin d'après-midi jeudi, à 8,23 %, après avoir inscrit un nouveau record de 8,40 % à l'ouverture. Soit une hausse de plus de 50 points de base en 4 jours.Cette timide accalmie est intervenue dans le sillage des déclarations du porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois Jiang Yu. Il a souligné que l'Empire du milieu est prêt à renforcer le partenariat stratégique qui unit les deux pays. Et il a sous-entendu que Pékin pourrait augmenter ses achats de dette portugaise. La Chine avait ainsi acquis 1 milliard de dollars de dette lusitanienne en janvier, selon la presse portugaise. Emprunt impossibleÀ l'ouverture du sommet européen dédié à la finalisation d'une solution « globale » à la crise des finances publiques européennes, la situation du Portugal pouvait cependant difficilement être pire. La crise politique menace en effet les ajustements budgétaires annoncés le 11 mars dernier, et plusieurs responsables européens, dont Angela Merkel, ont exhorté le pays à poursuivre ses efforts. Les coûts de financement sur les marchés interdisent désormais au Portugal toute émission de dette à long terme : les taux portugais évoluent en effet à des niveaux proches de ceux de la Grèce et de l'Irlande au moment de leur demande de sauvetage.Alors que le gouvernement a rejeté l'idée d'une aide extérieure pendant plusieurs mois, Pedro Passos Coelho, le chef de file de l'opposition qui pourrait succéder au Premier ministre démissionnaire José Socrates, en est désormais réduit à « espérer » que son pays puisse éviter un tel scénario. « Il est possible que le pays puisse s'en sortir sans soutien. Cependant, étant donné le manque de compétitivité fondamental de son économie, nous ne pensons pas qu'emprunter aux niveaux de taux actuels soit soutenable, et l'accès aux fonds européens à des taux réduits va probablement devenir de plus en plus attractif », soulignent les experts de Barclays. Compte tenu de la crise politique, le sauvetage pourrait s'avérer aussi tumultueux que celui de l'Irlande. Et favoriser la contagion de la crise. Julien Beauvieux
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