« La question de la contagion aux obligations espagnoles se pose »

STRONG>Martin Harvey, gérant chez Threadneedle Asset ManagementVous gérez un demi-milliard d'euros d'obligations souveraines européennes. Comment réagissez-vous à la crise au Portugal ?Un plan de sauvetage est désormais probable. C'est un test important pour le fonds européen de stabilité financière (FESF), mais comme les besoins financiers du Portugal sont relativement faibles, cela ne devrait pas présenter de problème systémique. La vraie question maintenant est de savoir si la contagion peut se propager aux obligations espagnoles. Actuellement, cela ne semble pas le cas.Est-ce que ce calme relatif vient des mesures mises en place par la zone euro, notamment le Fonds européen de stabilité financière ?L'annonce de ces mesures, dès la réunion de début mars, était une bonne nouvelle. Cela prouve la volonté politique de maintenir la zone euro. Mais il reste encore de très nombreuses questions sur la façon dont le Fonds européen de stabilité financière fonctionnera. Pensez-vous que les détenteurs d'obligations devraient accepter de partager les pertes en cas de faillite d'un État ?Le système financier ne peut pas faire face à une telle éventualité en ce moment. Prenez les banques irlandaises par exemple : faire partager les pertes aux détenteurs d'obligations pousserait tout le monde à se demander : qui est le prochain ? Pensez-vous que l'Irlande et la Grèce réussiront à redresser leurs comptes publics ?Actuellement, l'austérité ne semble pas fonctionner. Pour la Grèce, une restructuration de la dette semble inévitable. L'Irlande est un peu différente, parce que ses exportations sont dynamiques, mais cela sera difficile également. Si une restructuration est inévitable, mais inacceptable par les marchés, que faire ?C'est pour cela que l'Europe a choisi le chemin de moindre résistance. Ses annonces permettent de gagner du temps, mais ne résolvent pas définitivement la crise. L'espoir est que le problème sera suffisamment réduit dans quelques années. Propos recueillis par Eric Albert, à Londre
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