Le niveau des prix en Allemagne, secret de sa compétitivité

Beaucoup d’hypothèses circulent sur la force de la compétitivité allemande. Eurostat vient de donner la sienne grâce à une statistique en apparence anodine : le niveau des prix. Le prix moyen d’un panier moyen de produits comparables en Allemagne se situe légèrement (1,8 %) au-dessus de la moyenne de l’Union européenne à 27. L’Allemagne apparaît comme un pays particulièrement bon marché au regard de sa richesse par habitant. Toujours selon Eurostat, en effet, le PIB par habitant allemand se situe, lui, 21 % au-dessus de la moyenne européenne.De la Slovaquie à la FinlandeMais les résultats au niveau de la zone euro sont particulièrement intéressants. En 2012, le niveau des prix allemands étaient inférieurs de 1,3 % à la moyenne des 17 pays partageant la monnaie commune. Huit pays de l’UEM affichaient des prix supérieurs. La Finlande affiche le niveau de prix le plus élevé des 17 avec un niveau de prix supérieur de 20,3 %, suivie du Luxembourg (18,1 % plus cher que la moyenne) et de l’Irlande (11,5 % de plus que la moyenne). La France, où les prix sont supérieurs de 5,8 % à la moyenne de la zone euro, arrive en cinquième position. La Slovaquie, Malte et l’Estonie sont les pays les meilleur marché de la zone euro. Entre la Slovaquie et la Finlande, la différence du niveau des prix atteint 73,4 %. !Fondements de la compétitivité allemandeCe niveau des prix en Allemagne ne signifie pas seulement que le touriste allemand a un plus fort pouvoir d’achat lorsqu’il se rend ailleurs dans la zone euro, comme le soulignent ce lundi matin la presse allemande (la Süddesutsche Zeitung notamment). Il signifie aussi que les salaires allemands peuvent se permettre d’être plus faibles outre-Rhin (ce qui entretient ce faible niveau des prix) et que les marchés domestiques allemands sont protégés des nouveaux entrants par des niveaux de marge faibles. On ne s’en étonnera pas lorsque si l\'on rappelle le nombre des grands groupes étrangers qui ont échoué sur le marché allemand : Walmart, Gap ou encore Citigroup. Reste que ces deux éléments sont déterminants pour assurer la compétitivité des entreprises d’outre-Rhin à l’export.L’Allemagne, plus forte baisse depuis 2001 Ceci est d’autant plus vrai que le phénomène s’est renforcé au cours des dix dernières années. En reprenant les données d’Eurostat, on constate ainsi que le niveau de prix a baissé en Allemagne entre 2001 et 2012 de 4,86 %. C’est la plus forte baisse de l’Union économique et monétaire. Parallèlement, ce même niveau des prix a progressé de 2,69 % dans la zone euro. Les baisses enregistrées en Irlande (3,69 %) et à Chypre (1,12 %) sont inférieures et ce sont là les trois seuls pays à avoir connu, en onze ans, des baisses du niveau moyen des prix. Ailleurs, dans la zone euro, les prix ont augmenté, en moyenne de 2,7 %. En France, ils ont progressé de 4,8 %. Ce qui signifie qu’un Français peut acheter avec un euro gagné voici onze ans 10,7 centimes de moins de marchandises qu’un Allemand. Pour un Grec, la différence atteint 17,7 centimes. On comprend que les uns ont pris l’habitude de réclamer des salaires plus élevés. La différence de compétitivité s’explique aussi dans ce fait.Baisse récente en Grèce, mais pas suffisanteLa conséquence de cette différence est simple : pour rétablir l’équilibre, il faut soir que les prix allemands remontent, soit que les prix des autres pays de la zone euro reculent. Le choix des Européens depuis 2010 s\'est porté la seconde proposition. Pour faire pression sur les prix, il n’existe pas de recettes miracle : il faut comprimer les salaires et la demande intérieure. C’est ce qui a été fait dans des pays comme la Grèce où le niveau moyen des prix a reculé entre 2010 et 2012 de 2,9 %.L’ennui, c’est que l’Allemagne n’a pas, parallèlement, ralenti le rythme. Sur la même période, le niveau des prix allemands a ainsi chuté de 2,4 %, ce qui a ruiné une grande partie des efforts grecs. Voilà qui relativise la potentielle reprise de la consommation allemande. Cette dernière s’est effectuée à des prix toujours plus faible, protégeant ainsi la compétitivité allemande.  
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