Le Canada, bon élève, accueille un G8 divisé

En accueillant les chefs d'Etat et de gouvernement des principales puissances économiques de la planète pour les sommets du G8, les 25 et 26 juin dans la petite ville de Huntsville, et du G20, le 26 au soir et le 27 juin à Toronto, le Premier ministre canadien, Stephen Harper, aura du mal à ne pas faire la leçon à ses interlocuteurs. Alors que les grands pays industrialisés sont contraints à une douloureuse remise en ordre de leurs finances publiques et continuent de s'inquiéter pour la santé de leurs banques, le Canada sort de la crise en bien meilleure forme. La croissance canadienne est aujourd'hui l'une des plus vigoureuses du G8 (3,1 % en 2010, selon le FMI) et le pays affiche le déficit budgétaire (5,1 % du PIB) le plus faible. Surtout, ses banques ont su se tenir à l'écart des actifs toxiques qui ont laminé les établissements américains et européens. Elles affichent une telle santé qu'Ottawa s'oppose à la création d'une taxe bancaire. « Nos banques sont très réglementées et nos banquiers ne sont pas devenus des spéculateurs », souligne l'ambassadeur du Canada en France, Marc Lortie.Tout n'a pourtant pas toujours été rose pour le Canada. Au début des années 1990, la situation est même alarmante. En 1993, les déficits publics dépassent 8 % du PIB, propulsant la dette à près de 70 % du PIB. Les agences de notation envisagent de supprimer son triple A à la dette canadienne. Paul Martin, alors ministre des Finances, est contraint à des mesures impopulaires. ll multiplie les consultations et encourage les patrons à dialoguer avec les syndicats, les professeurs avec l'éducation nationale, avant d'annoncer en 1995 un plan de rigueur sans précédent. « Les salaires des fonctionnaires ont été gelés, les dépenses publiques réduites de 19 %, la fonction publique réduite de 15 % », explique Marc Lortie, ambassadeur du Canada en France. richesse du sous-solLes comptes publics sont progressivement ramenés à l'équilibre. Les pouvoirs publics bénéficient d'une politique monétaire particulièrement accommodante assortie d'une forte baisse du dollar canadien. Certes, il n'y a de richesse que d'hommes. Mais le Canada doit une partie de sa réussite à la richesse de son sous-sol et à la flambée des matières premières depuis le début de la décennie. Le pays est le premier fournisseur d'énergie (pétrole, gaz, uranium et électricité) des Etats-Unis. Il exploite également d'immenses réserves d'or, de nickel, d'uranium, de diamants et d'étain. Mais le Canada refuse de se considérer comme un simple réservoir de ressources naturelles. « Nous avons sophistiqué notre économie », souligne l'ambassadeur. Le triangle technologique de Waterloo, la Silicon Valley canadienne située près de Toronto, où est né le BlackBerry, fait la fierté du pays.
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