Le G20 veut rééquilibrer l'économie mondiale

gouvernanceC'est dans une ville en état de siège que les chefs d'État et de gouvernement se sont retrouvés hier pour un premier dîner de travail. Vitrines obstruées, écoles en congé, magasins fermés? la petite ville de Pittsburgh (Pennsylvanie) a été placée en état d'alerte pour accueillir ce troisième G20. Un an après la faillite de Lehman Brothers, ce nouveau sommet doit permettre l'adoption de mesures concrètes visant à corriger les excès ayant conduit à la plus grave crise financière depuis le krach de 1929. « La fête doit s'arrêter » pour les banquiers, a résumé le ministre des Finances britanniques, Alistair Darling.« évaluation mutuelle »De vieux sujets, comme le rééquilibrage de la croissance mondiale, ont refait surface. Le FMI s'inquiète depuis des années du creusement du déficit extérieur américain et du gonflement démesuré de l'excédent chinois. Le recyclage des excédents d'épargne chinois par l'industrie financière américaine a contribué à la crise des subprimes. Le débat tournera autour d'une proposition américaine de résorption de ces déséquilibres passant par une hausse de la consommation en Chine et de l'épargne aux États-Unis. Une proposition plutôt bien reçue par la Chine.Cette meilleure coordination des politiques économiques suppose néanmoins un renforcement du mandat du FMI. Washington propose que l'institution financière émette des recommandations tous les six mois dans le cadre d'une « évaluation mutuelle ». Mais les pays émergents exigent, au préalable, une réforme en profondeur du FMI. La Chine (3,6 % des droits de vote) pèse moins lourd que la France (4,8 %) au conseil d'administration du FMI. Si tous les pays membres du G20 adhérent au principe, ce sont les modalités qui posent problème. Les Européens, qui disposent de quatre « chaises » (France, Royaume-Uni, Allemagne, Belgique), sont hostiles au principe d'une représentation unique qui permettrait de libérer des chaises pour d'autres pays.contrepartieLe G20 reste divisé sur les questions de régulation financière. S'agissant des bonus, que la France souhaite plafonner, « cela se bagarre [?] mais il faut trouver un accord », a indiqué Nicolas Sarkozy. Barack Obama et Gordon Brown refusent d'entendre parler de plafonnement. La France, qui a joué sur ce sujet un rôle moteur au niveau européen, pourrait se contenter d'un encadrement. Mais en contrepartie, elle obtiendrait des États-Unis qu'ils revoient à la baisse leurs exigences en matière d'augmentation des fonds propres des banques, qui seraient préjudiciables aux banques européennes.Engagée au G20 de Londres, le 2 avril, la lutte contre les paradis fiscaux marque des points. La Suisse et Monaco devraient, par exemple, être retirés de la liste grise de l'OCDE après la signature de douze conventions d'échanges d'informations. Mais ce succès doit être nuancé. Pour atteindre le chiffre de douze, Monaco a multiplié les accords avec? d'autres paradis fiscaux. Nicolas Sarkozy souhaite que le G20 s'accorde sur des sanctions contre les territoires récalcitrants qui seraient appliquées à partir de mars.Enfin, le G20 va être institutionnalisé comme principale instance de gouvernance économique mondiale. « Ce que nous essayons de créer, c'est un nouveau système de coopération économique international », a indiqué Gordon Brown. Le G20 a montré son efficacité en se concentrant sur un nombre précis de sujets. Le dollar, le pétrole ou la lutte contre le réchauffement climatique ont été délibérément écartés pour se concentrer sur l'urgence du moment.
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