Élections sous haute surveillance en Égypte

Sévère tour de vis à l'encontre des médias, intimidation des ONG locales et internationales, arrestations de quelque 1.200 Frères musulmans selon la confrérie : le climat est particulièrement tendu en Égypte, à la veille des élections législatives. Dimanche, les Égyptiens sont appelés à élire les 508 députés de la Chambre basse du parlement. « Ce sont les pires élections jamais vues depuis vingt ans. La campagne officielle n'a duré que quelques jours. Évidemment le Parti national-démocrate (PND), le parti au pouvoir, a entamé la sienne depuis deux mois mais les autres partis n'en avaient pas le droit. Tout est truqué, depuis l'enregistrement des candidatures à la supervision des élections », déplore Gamal Aïd, responsable d'une organisation égyptienne de défense des droits de l'homme. Quant aux observateurs étrangers, ils ont été fermement invités à se tenir à l'écart du scrutin. L'Égypte refuse catégoriquement une supervision internationale des élections, dénonçant des tentatives d'ingérence. Dans ce régime autoritaire, le parlement n'est pourtant pas au centre du pouvoir. « Les élections législatives sont basées sur le clientélisme. L'électeur ne demande pas au candidat de le représenter, mais de lui fournir des services. Le parlement n'a aucune influence sur l'exécutif », précise Samer Solimane, chercheur et professeur d'économie politique à l'Université américaine du Caire. Mais cette année, l'enjeu va au-delà du scrutin. Enjeu décisifAu pouvoir depuis 1981 et âgé de 82 ans, le raïs Hosni Moubarak est dit malade, il a d'ailleurs été hospitalisé en mars dernier en Allemagne. À un an de la présidentielle, le régime ne veut donc prendre aucun risque, qui pourrait porter atteinte à sa stabilité. « Le PND veut une très forte majorité au parlement car un candidat indépendant, pour se présenter à la présidentielle, a besoin de 64 signatures de députés. Si les Frères musulmans renouvellent leur score de 2005, 88 sièges, ils pourront aller à la présidentielle. L'enjeu est donc décisif », explique Hassan Nafaa, chercheur et éditorialiste au journal indépendant « El Masry El Youm ». L'heure est donc, plus que jamais, au verrouillage, dans l'indifférence générale de la communauté internationale. « Le contexte n'est plus le même qu'en 2005. George W. Bush venait d'être réélu à la Maison-Blanche et faisait pression pour imposer la démocratie au Moyen-Orient. Mais l'administration américaine a été échaudée par la victoire du Hamas dans les territoires occupés en 2006. Aujourd'hui, il n'y a aucune pression. Quelques déclarations tout au plus », regrette Hassan Nafaa.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.