Une croissance trop mal partagée en Europe

Jean qui rit et Jean qui pleure » : tel est sans doute le titre de la fable européenne du jour, ou plutôt, « Hans qui rit » - l'Allemagne devant afficher un taux de croissance de 3,7 % cette année, au point de doper comme jamais depuis la réunification le moral des entreprenneurs, selon l'indice IFO publié ce mercredi, et « João qui pleure », le Portugal - après la Grèce et l'Irlande et peut-être avant l'Espagne, faisant les frais de la défiance des investisseurs vis-à-vis des « Pigs » (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne). De fait, alors que le gouvernement minoritaire socialiste s'apprête, ce vendredi, à faire entériner par le parlement portugais (avec le soutien de l'opposition sociale-démocrate) un budget d'austérité sans précédent, les obligations portugaises affichent un taux d'intérêt de près de 7 %, soit environ 4,8 points de plus que les obligations allemandes. Quant au taux des obligations espagnoles, il se situait ce mercredi au-dessus de 5 %, son plus haut niveau depuis deux ans. La vie est en effet mal faite et les professionnels des marchés pris entre deux feux. Pour assainir les comptes publics, ils exigent des plans d'austérité, à base, comme au Portugal, d'augmentation des taxes (la TVA passera ainsi de 21 % à 23 %) et de réduction des dépenses (le salaire des fonctionnaires sera rogné de 5 %). De quoi tuer dans l'oeuf toute reprise. Le taux de croissance portugais devrait d'ailleurs se situer à 0 % cette année. Difficile, dans ces conditions, de remplir les coffres de l'État de façon durable. Mais les mêmes professionnels ont également compris que c'est le modèle de croissance de certains pays qui est lui-même à revoir. C'est vrai pour le Portugal. « Face au manque de compétitivité, on a compressé les salaires », explique Jesus Castillo, économiste spécialiste de l'Europe du Sud chez Natixis. Résultat, la demande interne a terriblement souffert. Et comme le commerce extérieur repose, pour plus d'un quart, sur l'Espagne, les chances de sortir de la crise par la demande extérieure sont quasi nulles, le grand voisin connaissant lui aussi de gros problèmes de demande interne, sur fond de chômage très élevé. En fait, il faudrait que ces deux pays améliorent leur offre produits et la qualité de leur main d'oeuvre. Mais cela demande du temps...
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