Les Portugais manifestent avec la peur au ventre

« Non, nous n'avons pas besoin d'aide » déclarait sereinement lundi le Premier ministre portugais, José Socrates.ombreux sont ceux qui considèrent que ce n'est qu'une question de temps avant que le Portugal ne demande à la zone euro et au FMI les 34 milliards d'euros - certains évoquent plutôt 50 milliards - qui risquent de lui faire défaut. Antonio Garcia Pascual, analyste financier à Barclay's Capital, note que les conditions financières se sont dégradées depuis septembre. Quand l'Irlande a actionné le mécanisme d'aide, les marchés se sont reportés vers la péninsule ibérique. Le taux de rendement des obligations à dix ans a atteint 7 %, le niveau fixé par le ministre des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, pour demander de l'aide... Mais il a fait machine arrière. « Je rappelle une fois de plus que le Portugal dispose d'un système bancaire moderne, sophistiqué, régulé, contrôlé et bien capitalisé » dit-il. Avant d'expliquer que « les problèmes de l'Irlande sont liés aux actifs toxiques reçus des États-Unis qui ont attaqué le système bancaire, obligeant à son tour l'État à une recapitalisation ». Le gouvernement de José Socrates doit cependant faire voter par le parlement vendredi les mesures d'austérité de son budget 2011. Cela doit permettre de faire revenir le pays dans les marques fixées par Bruxelles, et le déficit à 4,6 % du PIB en 2011. Cette année Lisbonne ne devrait pas réussir à tenir son objectif déficit de 7,3 %, après déjà 9,4 % l'an dernier. Les mesures d'austérité pour 2011 sont sans précédent et obligeront l'ensemble de la population - et non plus seulement les fonctionnaires - à freiner son train de vie. Les syndicats dénoncent ces mesures soumises au diktat du déficit, et prônent une politique de relance en maintenant le pouvoir d'achat. Mobilisation notableLa grève générale unitaire de mercredi, un événement qui ne s'est produit qu'une seule fois jusqu'à présent dans l'histoire de la jeune démocratie née en 1974, a été un succès. En effet « compte tenu de la pression pesant sur les salariés du privé qui craignent pour leur emploi, et que perdre une journée de travail est très difficile en ce moment », la mobilisation est notable, comme l'explique Manuel Carvalho da Silva le dirigeant du puissant syndicat CGTP. Quant à une sortie de l'euro, comme envisagée récemment par le ministre des Affaires étrangères portugais, Luis Amado comme unique « solution de rechange » au plan d'austérité, « il n'en est pas question, on a déjà beaucoup souffert pour entrer dans la zone euro. Mais il faut lutter pour de nouvelles politiques, y compris en Europe, sinon on court à la catastrophe et les gens en ont assez de se sacrifier » déclare João Proença, du syndicat UGT. Reste à voir si cette mobilisation changera la donne, peu nombreux sont les portugais à le croire.Marie-Line Arsicaud, à Lisbonne
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