Les banques nationalisées, puis purgées, restent difficiles à reprivatiser

«Les banques irlandaises sont à vendre. » De tels propos, lorsqu'ils émanent de la bouche du gouverneur de la banque centrale irlandaise, ne sont pas à prendre à la légère. D'abord parce qu'en s'exprimant ainsi, Patrick Honohan a rappelé que « depuis des années, je plaide le fait que les banques des petits pays doivent avoir des actionnaires étrangers ». Mais aussi parce ce que depuis le début de la crise, les aides d'Etat aux banques ont eu pour contrepartie des cessions de tout ou partie de leurs actifs. Les banques irlandaises sont donc dans le sillage de certains exemples britannique, allemand, voire grec : l'Etat renfloue le capital des banques en difficulté et isole les actifs les plus risqués, rendant le profil de l'établissement plus présentable et susceptible d'être vendu.Le cas britannique est à cet égard exemplaire. Northern Rock a été nationalisé en février 2008. Outre une recapitalisation, la banque a été scindée entre une partie portant les actifs « pourris », et une autre, saine, se voit fixer des objectifs précis : réaliser 14 milliards de livres de prêts immobiliers durant les deux prochaines années. Mais en contrepartie de cette normalisation de son activité, elle est à vendre. Les 37 milliards de livres injectés par ailleurs par l'Etat britannique dans Royal Bank Scotland (RBS) et Lloyds Banking Group lui ont permis de devenir actionnaire à hauteur respectivement de 80 % et 41 %. Dans le même temps, le gouvernement a prévu « une stratégie de sortie pour (les) céder lorsque ce sera le plus bénéfique pour le contribuable ». Cependant, rien ne se fera à court terme car ces banques restent convalescentes.En Allemagne, seule la banque spécialisée dans l'immobilier Hypo Real Estate (HRE), a été nationalisée après avoir reçu 100 milliards d'euros d'aides publiques. Depuis, HRE se recentre sur ses activités rentables, alors que 173 milliards d'euros d'actifs toxiques sont transférés depuis cet été dans une structure de défaisance garantie par l'Etat. L'avenir de HRE reste incertain, mais la banque devrait être privatisée à nouveau, une fois redevenue saine. De son côté, Commerzbank a dû, pendant la crise, céder un quart de son capital à l'Etat, pour survivre. Aujourd'hui, la stratégie de la deuxième banque privée allemande consiste à retrouver le plus rapidement possible une rentabilité pérenne afin de voir Berlin vendre sa participation. Par ailleurs, la commission européenne n'a accepté l'aide à la restructuration de la banque régionale publique WestLB que si elle changeait d'actionnaires d'ici à fin 2011. Après l'échec d'un éventuel mariage avec BayernLB, une reprise par un établissement du secteur public semble peu probable. WestLB, si elle ne trouve pas de repreneur, pourrait alors être vendue à l'encan et ses divisions les plus solides pourraient alors intéresser le secteur privé. Manque de repreneursDans d'autres pays comme aux Pays-Bas, en Belgique ou en France, le schéma est le même. KBC a vendu une partie de ses activités, ING va introduire en Bourse ses activités d'assurances et ABN Amro devrait revenir sur le marché. Mais comme WestLB, ou Northern Rock, certains établissement ne trouvent pas de repreneurs. En France, Dexia n'a pas réussi à s'adosser à une autre banque. Ces restructurations permettent en tout cas de rouvrir le secteur bancaire à de nouveaux entrants, surtout des étrangers. Comme en Grande-Bretagne, avec la percée fracassante de l'espagnole Santander ou en Belgique celle de BNP Paribas. En Grèce, les banques n'ont pas été nationalisées mais le gouvernement a appelé à une consolidation du secteur et à une ouverture aux banques étrangères.
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