La Russie vise les actifs de grands groupes étrangers

Le gouvernement russe change son fusil d'épaule de manière inattendue. Le ministère de l'Économie a révélé mardi soir dans un rapport sur son programme de « privatisations » qu'il envisageait une alternative inhabituelle à la vente d'actions sur les marchés. Il s'agit, dans certains cas, de plutôt convaincre des groupes étrangers de proposer des actifs en échange. Le numéro un du pétrole russe Rosneft - coté à Moscou - pourrait ainsi échanger 10 % de son capital, tandis que les Chemins de Fer Russes (RJD), un monopole d'État, pourraient échanger 25 % moins une action. Au total, 850 sociétés sont concernées par le programme de privatisation, dont Sberbank, RusHydro et FSK EES (réseaux électrique). Même si le Kremlin affirme préparer un vaste plan de privatisation, il s'agit en réalité de réduire au plus la part de l'État à 50 % plus une action dans chaque société. Alexeï Kokine, analyste chez UralSib, estime que l'État entend ainsi récupérer des actifs étrangers dans des secteurs stratégiques. « Le gouvernement a identifié des actifs internationaux dans le pétrole et le gaz intéressants pour Rosneft et offrira de payer les actionnaires des sociétés visées en actions du groupe. Si l'opération aboutit, Rosneft rachètera dans un second temps les actifs en question à l'État », explique Alexeï Kokine. Mécanisme d'échangeRJD, qui dans le passé s'est porté candidat à la privatisation de Deutsche Bahn, pourrait réitérer son offre en proposant à son collègue allemand jusqu'à un quart de son capital. Reste que le patron de RJD, Vladimir Iakounine, s'est immédiatement récrié face à cette proposition gouvernementale. « Pas plus de 10 % de RJD ne doivent être vendus », a-t-il déclaré mardi, s'opposant en outre à un échange d'actions. Jusqu'à l'annonce de ce mécanisme d'échange, le Kremlin affirmait vouloir lever, y compris à l'étranger, environ 43 milliards d'euros sur les cinq prochaines années en réduisant à 50 % plus une action ses participations dans les grandes entreprises d'État. Une partie des liquidités devaient servir à colmater le déficit budgétaire (environ 5,3 % du PIB cette année) apparu avec la crise financière de 2008. Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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